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électorale, de despotisme… Puis réapparaît en novembre 2010. Le lendemain de la révolution, les Tunisiens ont enfin pu découvrir, à la télévision et dans les journaux, ce sexagénaire à l’allure de jeune premier. S’ils sont nombreux à apprécier sa prestance et ses qualités de redoutable débatteur, beaucoup ne comprennent pas son attachement à une idéologie et à un système qui, à leurs yeux, ont fait leur temps. Pourtant, Hamma Hammami n’en démord pas : le Salut de la Tunisie (et du monde) passera, à n’en plus douter, par la réappro- priation des moyens de production par les classes ouvrières. Vieille rengaine marxiste ? Peut-être. Mais l’actualité donne toujours raison à Hamma et à ses camarades communistes, qui ne sont jamais à court d’arguments : la crise financière de 2007 a mis à nu les dysfonctionnements structurels du capitalisme. En Tunisie, la révolution du pays profond, peuplé d’ouvriers, de chômeurs et de laissés-pour-compte, a emporté, le 14 janvier, l’un des régimes que l’on croyait le plus solidement établi… La révolution des


ouvriers reste cependant inachevée : Hamma, dont le parti, Al Amel Attounsi, a enfin été légalisé, veille aujourd’hui à l’achèvement de la « révolution du jasmin ». Le résistant d’hier est devenu gardien de la révolution. Beau rôle pour ce leader né, grand tribun qui ne retrouve son panache que dans l’adversité. Et dans la Tunisie post-Ben Ali, ce ne sont pas les adversaires qui manquent. Il en avait un, il en a aujourd’hui une flopée… ●


Ahmed Brahim : un rassembleur contrarié Ahmed Brahim est,


parmi les leaders politiques tunisiens actuels, l’un des plus secrets, et des plus simples aussi. La discrétion dont il entoure notamment sa vie privée, tient surtout à sa pudeur. Car, à la différence des autres dirigeants politiques, son ego n’est pas démesuré. Il se montre même souvent humble, affable, et presque amical.


C’est là, à la fois,


sa force et sa faiblesse. Car les Tunisiens apprécient sa sagesse et sa pondération, mais ils ne sont pas nombreux, si l’on en juge par les sondages de popularité, à le destiner à la plus haute marche du pouvoir. Si les couches populaires ne montrent pas une attirance particulière pour cet universitaire rigoureux, voire revêche, les couches moyennes supérieures voient volontiers en lui un probable chef de gouvernement. Héritier du Parti communiste tunisien (PCT), le mouvement Ettajdid (« Rénovation »), dont il est le Premier secrétaire, il est également plébiscité par les habitants des grands centres urbains et, paradoxalement, par les couches aisées de la population. Ces dernières, attachées à la « Tunisian Way of Life », voient en Ettajdid le parti qui exprime le mieux leurs aspira- tions : liberté, ouverture, modernité et tolérance. Né en 1946 dans la presqu’île de Zarzis (littoral Sud-Est), Ahmed Brahim, maintenant retraité, était professeur de français – spécialiste de linguistique comparée – à l’université de Tunis. Il entame sa carrière politique


en intégrant le PCT dans les années 1960. Devenu membre du comité central en 1981, puis du bureau politique en 1987, il est directeur de la rédaction de Attariq Al Jadid, l’hebdomadaire du parti. Il participe activement à la rénovation de la ligne idéologique du PCT qui, en 1993, change de nom pour devenir Ettajdid, un rassemblement de militants progressistes aux orientations intellectuelles et politiques diverses. Ahmed Brahim suspend


ses activités en 1994 et en 2001 pour contester le pouvoir personnel du chef historique du parti, Mohamed Harmel, qui s’est beaucoup rapproché du régime de Ben Ali. À son congrès de 2001, le parti reprend place dans l’oppo- sition et c’est tout naturel- lement qu’Ahmed Brahim est élu secrétaire général adjoint, puis Premier secrétaire en 2007. Deux années plus tard, il est le candidat de son mouvement à l’élection présidentielle, sous la bannière de l’Initiative nationale pour la démocratie et le progrès (INDP). La machine de Ben Ali le crédite alors d’un très faible score (1,57 % des suffrages exprimés), mais l’essentiel, pour lui, aura été d’avoir fait entendre une vraie voix dissonante au cours de la campagne électorale. Il se taille, à l’occasion, un costume d’opposant historique, ce qui lui vaut, au lendemain de la chute de Ben Ali, un poste de ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique au sein du gouvernement Ghannouchi, formé mi-janvier. Poste duquel il


Ahmed Brahim.


démissionne le 1er mars, pour se consacrer à la préparation de son parti à l’élection de l’Assemblée constituante, dont la date sera reportée du 24 juillet au 23 octobre. Conscient des limites de son parti et de la nécessité de constituer un pôle de centre-gauche suffisamment fort pour faire face la redoutable machine mobilisatrice d’Ennahdha, Ahmed Brahim a tenté un rapprochement avec le Parti démocratique progressiste (PDP) d’Ahmed Néjib Chebbi, et avec Ettakatol de Mustapha Ben Jaâfar. En vain, ces derniers ayant préféré y aller séparément. Il a finalement constitué, avec d’autres partis, des associations et des initia- tives citoyennes un Pôle démocratique et moderniste (PDM) : un groupement idéologique et une force électorale qui se donne pour mission « la défense des valeurs de la révolution et des acquis progressistes du pays, et les protéger de tout risque d’un éventuel retour en arrière ». ●


Septembre - Octobre 2011 • NEW AFRICAN • 9


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