Société Cinéma
Didier Awadi LE POINT DE VUE DU LION CONTRE CELUI DU CHASSEUR
Le rappeur sénégalais a présenté au Festival de Cannes Le point de vue du lion, film qu’il qualifie de « révolutionnaire » et de « politiquement incorrect ». Le message n’est pas nouveau, mais il est porté avec fougue. Le musicien est prêt à mettre en jeu la notoriété acquise en 20 ans de scène pour proposer, en lieu et place des discours misérabilistes ou afro-pessimistes sur l’Afrique, le point de vue du lion. Par Kajatou Diallo
Votre documentaire, Le point de vue du lion est votre premier film. À peine l’avez-vous achevé que vous étiez au dernier Festival de Cannes… J’ai une chance inouïe. J’ai été invité par l’Institut de France
et l’Organisation internationale de la Francophonie, au pavillon des cinémas du monde. Tous les médias français à rayonnement international, tels RFI, TV5, Canal France international, ou France24 étaient associés à ce pavillon. Ils ont donc assuré une bonne visibilité au film pendant toute la durée du festival. J’ai même donné un concert. Mon film a été projeté au marché du film ; j’ai rencontré des dizaines de journalistes, et beaucoup de professionnels du cinéma ; j’ai participé à des ateliers sur la production, la distribution et les partenariats. J’ai appris beaucoup de choses, donc mes 10 jours à Cannes n’ont été que du bonheur.
On vous a vu monter les marches au début du festival, en smoking, sous le crépitement des flashs et au milieu des paillettes. Dire que Le point de vue du lion se présente comme un film révolutionnaire… Je ne veux pas échapper au côté paillettes qui entoure le
cinéma. Car c’est aussi ainsi que l’on suscite l’intérêt. Quand on a un message fort, il faut passer par le trou de la serrure si les portes sont fermées. Et si, par chance, un boulevard s’offre à vous, il faut s’y engouffrer sans états d’âme. Pas seulement pour mon ego, mais pour tous ceux qui croient que dans les histoires de chasse, le lion a son point de vue. Regardez Michael Moore : ce réalisateur américain engagé est venu à Cannes en 2004, avec Fahrenheit 9/11, une charge monumentale contre le gouvernement de George Bush et sa guerre préventive en Irak. Avec ce film, il voulait influencer les élections américaines de 2004. Il est reparti avec la Palme d’or, ce qui lui a permis de trouver un distributeur alors que Miramax, filiale de Disney, bloquait le film. Résultat, Fahrenheit 9/11 est aujourd’hui encore le documentaire qui a enregistré le plus d’entrée lors du premier week-end d’exploitation aux États-Unis. Je suis pour les paillettes quand elles servent des causes comme celles-ci. Car Le point de vue du lion, est un message révolutionnaire africain. Et je veux pouvoir le montrer partout, et par tous les moyens.
86 • NEW AFRICAN • Septembre - Octobre 2011
Justement, pourquoi faire un film ? Que vous apporte de plus le cinéma, par rapport à la musique ou à la scène ? Notre continent souffre d’un déficit de communication. C’est
notre plus grand problème aujourd’hui. Nous devons donc nous exprimer sur ce que nous avons fait et ce que nous voulons faire. Nous devons dire ce nous pensons de nous-mêmes et ce que nous pensons des autres. Aujourd’hui encore, les voix qui s’expriment sur l’Afrique, celles qu’on entend le plus souvent, sont celles d’experts autoproclamés qui ne comprennent que partiellement nos problèmes, en fonction de leur spécialité ou de leur intérêt. C’est le point de vue du chasseur. Alors que nous avons aussi des spécialistes dans tous les domaines, qui vivent en Afrique, respirent, aiment, créent en Afrique. Qui mieux que nous peut analyser et exprimer nos problèmes ? Mais on ne nous donne jamais la parole. Même les médias, chez nous, nous ignorent. Ce que j’ai voulu faire dans Le point de vue du lion, c’est dire nos maux, avec nos mots.
N’est-ce pas ce que vous faites depuis plus de 20 ans, en tant que rappeur, d’abord avec votre groupe, Positive Black Soul, puis en solo depuis 10 ans ? Je ne renonce pas à la musique puisque je devrais enregistrer
un nouvel album avec PBS à la fin de l’année, à New York sans doute. Mais la caméra aujourd’hui me permet d’étendre le champ. Je ne vous cache pas que si demain je dois faire de la radio pour aller plus loin, toucher un public encore plus large, je m’y mettrai. Tous les canaux de communication sont à investir pour renverser la vapeur. C’est un combat tous azimuts.
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