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révision constitutionnelle n’a pas claire- ment prévu que la nouvelle disposition sur la non-limitation des mandats s’applique au président Biya, celui-ci reste lié à son peuple par l’ancien contrat constitutionnel qui lui impose de ne pas se présenter au terme de son deuxième mandat de sept ans ».


Mise en garde des États-Unis Depuis que ce problème a été sou- levé, les partisans du président Biya s’em- ploient à défendre la légalité de sa candi- dature. Les remarques soulevées par Alain Didier Olinga relèvent de « la controverse inopportune », selon Narcisse Mouelle Kombi, professeur de droit, qui considère cette candidature légale du point de vue de la stricte analyse juridique « car l’article 6 alinéa 2, issu de la révision constitution- nelle de 2008, est sans équivoque et sans ambiguïté. Il dit clairement que le président de la République est élu pour un mandat de 7 ans. Il est rééligible. Et cette rééligibilité est sans réserves », conclut-il. Ce n’est pas la première fois qu’un


texte de loi électorale prête à confusion. Fin 2010, le gouvernement avait dû admettre que l’organe en charge d’organiser les élections, Elections Cameroon (Elecam), n’était pas légal. Lorsque le Social Demo- cratic Front (SDF, principal parti d’opposi- tion) avait soulevé ce problème, les mêmes juristes du parti au pouvoir avaient estimé que « la contestation était inopportune » avant que le président Biya ne signe finalement un décret de régularisation.


Alors que le débat s’anime, le dépar-


tement d’État américain fait savoir que les États-Unis « espèrent que le peuple camerounais puisse participer cette année à des élections libres, équitables et crédibles ». Bien que les termes soient courtois, de nombreux analystes présentent cette déclaration comme un avertissement. Rappelons que dans son discours d’Ac- cra, le président Obama affirmait que


« l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts. L’Afrique a besoin d’institutions fortes ». Ce que souhaite l’Amérique pour le Came- roun, ce sont donc des institutions fortes légitimées par des élections transparentes. Paul Biya a accédé à la magistrature suprême après la démission du premier président du Cameroun indépendant, El Hadj Amadou Ahidjo, qui avait dirigé le pays pendant 22 ans (1960- 1982). Agé de 78 ans, dont 29 au pou- voir, le président Biya semble bien vou- loir briguer un nouveau mandat. n


L’APPEL DU PEUPLE


Le Président est assailli par une kyrielle de motions de soutien à sa candidature, tandis que l’opposition et la société civile l’invitent à jouir d’une retraite bien méritée, après 29 ans passés à la tête de l’État. Par Antoine Francis Ekang


D


epuis quelques mois, la Société de presse et d’édition du Cameroun (Sopecam), une entreprise d’État, édite des publications à la gloire de l’ac-


tuel président de la République. Intitulé Paul Biya : l’Appel du peuple, l’ouvrage est déjà à sa cinquième édition. Il s’agit d’un recueil de différentes motions de soutien, de félicitations, de remercie- ments, adressés au chef de l’État entre avril 2009 et juin 2011. Destinées à pousser Paul Biya à bri-


guer un nouveau mandat, ces motions viennent de factions issues du Rassemble- ment démocratique du peuple camerou- nais (RDPC), parti au pouvoir, d’associa- tions et de personnalités s’identifiant à la mouvance présidentielle.Dans le prologue du livre, le Premier ministre, Philémon Yang, affirme que « nos lois garantissent la liberté d’expression, les choix démocratiques, le débat politique, les attentes populaires et le droit de choisir un candidat à l’élection présidentielle de 2011. » Cet ouvrage prolonge la politique


de séduction de l’électorat, inaugurée l’an dernier par la parution d’un pre- mier livre, Le Code Biya. Une campagne contrariée par deux événements venus de l’étranger, mais largement relayés par la presse locale : l’affaire des « biens mal acquis », et celle des vacances dispen- dieuses du chef de l’État et de ses proches à La Baule, en France, dont la facture a été réglée par le contribuable camerou- nais. Le gouvernement et le parti au pou- voir se sont mobilisés pour effacer l’effet désastreux de ces deux affaires. L’opinion publique a donc été submergée par une campagne de communication et de motions de soutien au président Biya, provenant du RDPC. S’en sont suivies


d’autres motions relatives à l’accélération de la lutte contre les détournements de deniers publics, la formation du gouver- nement du 30 juin 2009, et les nomina- tions dans la haute administration. À cette campagne, répondent de


violentes protestations d’opposants politiques. Le Social Democratic Front (SDF) déplore le fait que « les éditeurs de ces ouvrages utilisent des moyens d’État pour une opération purement partisane ». Le SDF ne comprend pas pourquoi la Sopecam se croit obligée de concevoir des odes à la gloire d’un candidat, fut-il celui du parti au pouvoir. Dans la même veine, le Rassemblement démocra- tique pour la modernité du Cameroun (RDMC) dénonce ces « motions préfa- briquées dans les officines que l’on veut de force attribuer au peuple du Cameroun, afin de justifier une présidence à vie que Monsieur Biya veut s’octroyer à la tête de notre pays par un hold-up électoral en cours de préparation ». Et son président, Chief Mila Assouté, de s’interroger : « À quel peuple veut-on attribuer une com- pilation de soutiens virtuels alors que les memoranda de revendications sociales fusent de toutes les régions du pays pour décrier la pauvreté, les injustices, l’exclu- sion, l’insécurité, le chômage, l’abandon du monde rural et la corruption ? » Même son de cloche de la part de la


société civile qui s’étonne du « cynisme des responsables du RDPC, qui veulent absolument empêcher le président Biya de jouir paisiblement d’une retraite bien méritée ». Le Rassemblement de la jeu- nesse camerounaise, qui affirme comp- ter 376 associations à travers le pays, dénonce « ces gens en mal de positionne- ment qui prennent des initiatives indivi- duelles au nom du peuple ». n


Septembre - Octobre 2011 • NEW AFRICAN • 55


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