TUNISIE POLITIQUE
de quitter leur pays… Sans jamais aban- donner le combat. Ils ont une légitimité à participer au prochain gouvernement… Même si je ne suis pas sûr de vouloir les voir arriver en tête ». Comme d’autres, Nabil craint qu’une fois arrivés au pouvoir, malgré les engagements donnés, ils met- tent en place un régime de type islamiste. Pour d’autres, c’est le contraire. « S’ils prônent un retour aux valeurs qui sont les nôtres, celle d’une nation musulmane, cela ne veut pas dire qu’ils vont installer un régime de type iranien. Ghannouchi n’est pas Khomeiny, tranche une jeune femme voilée. Je n’aime pas le procès qu’on leur intente. On les accuse de tous les maux. Surtout Néjib Chebbi. Tous ses discours sont focalisés sur le prétendu danger qu’ils représentent. Mais être anti-Ennahdha, ce n’est pas un programme. » Le fondateur du Parti démocrate
progressiste, Ahmed Néjib Chebbi, était lui aussi en France en juin dernier. À Lyon d’abord, puis à Paris où son mee- ting, organisé au Trianon, a réuni plus de 400 personnes. Ce vieux routard de la vie politique tunisienne a multiplié les manœuvres de séduction à l’adresse des Tunisiens de France qu’il entend bien mettre dans son camp. Dans un fran- çais parfait, il assure aux binationaux l’égalité des droits en tant que citoyens et électeurs. Plus que l’élection pour l’Assemblée constituante, c’est la future présidentielle qu’il vise. Pour cela, il mise sur son passé de militant, son expé- rience dans l’exercice du pouvoir. Reste à savoir s’il a convaincu. Un autre devra en faire autant : Moncef Marzouki, l’op- posant historique à Ben Ali et le n° 1 du Congrès pour la République, qui s’est rendu à Paris, Lyon et Marseille. Une inconnue de taille toutefois : la diaspora tunisienne se mobilisera-t-elle pour aller voter ? L’intérêt existe réelle- ment, les inquiétudes aussi. Toutes les peurs n’ont pas disparu. « Pour nous, tout cela est très nouveau. Si nous devons aller voter, nous devrons le faire dans les ambas- sades. Mais pour nous, elles ont toujours servi à contrôler et museler les Tunisiens vivant à l’étranger. Personnellement, je n’ai toujours pas confiance. » C’est tout l’enjeu de ce scrutin : en Tunisie comme à l’étranger, les leaders politiques devront multiplier les gages de transpa- rence et de respect de la parole donnée pour rétablir la confiance entre le peuple et ses représentants. n
14 • NEW AFRICAN • Septembre - Octobre 2011
LA PAUVRETÉ, UNE RÉALITÉ CACHÉE
Les régions de l’intérieur de la Tunisie ont été oubliées par l’ancien régime de Ben Ali. Aujourd’hui, certaines réalités ressurgissent, notamment dans le centre-ouest du pays, l’endroit d’où est partie la révolution. Des villages sont marqués par la pauvreté : terres mal cultivées, bétail amaigri, enfants handicapés, habitants atteints de maladies graves, absence d’eau potable, etc. Les habitants souffrent dans l’indifférence générale. Reportage dans la localité de Mashreq Shams, à 300 km de Tunis. Par Sarra Guerchani
L
e village de Mahreq shams, vous connaissez ? » À cette question, les personnes ouvrent des yeux ronds et répondent sans excep- tion : « Jamais entendu parler ».
D’ailleurs, il ne figure pas sur la carte.
Mashreq Shams (« lever de soleil » en français), est le nom que ses 1 500 habi- tants lui ont affectueusement donné. car Entouré de montagnes – derrière l’une d’elles pointe le soleil – il se trouve à 300 km de Tunis, entre les villes de Sbeitla et Kasserine. Il est 5 heures du matin et la journée
a déjà commencé. Les enfants sont levés, les femmes promènent le bétail, les hommes travaillent sur des chantiers. Ici, on est maçon de père en fils. C’est pour cette raison que la première impression est relativement bonne lorsqu’on arrive à Mashreq Shams. Ici, tout le monde a un toit, même s’il est souvent vétuste, car construit avec les moyens du bord. Le thermomètre, qui affiche une température insupportable, annonce une journée impitoyable. Dans les rues, les habitants se font rares, on ne les voit pas et on ne les entend pas. Aucune rai- son de quitter sa maison, il n’y a tout
simplement rien à faire dehors. « Quand l’école est finie, nous n’avons rien à faire, donc j’aide ma mère dans les tâches ménagères et je sors promener le bétail », explique Amira, 13 ans, cadette d’une famille nombreuse. Elle a deux sœurs âgées de 23 et 25 ans, toutes deux han- dicapées mentales. C’est l’un des pro- blèmes récurrents dans cette campagne où tout le monde porte le même nom de famille : Dhoaoudi.
Une association au secours du village Les familles sont composées de
cinq enfants en moyenne, un ou deux d’entre eux étant souvent atteint d’une déficience physique ou mentale. La cause en est bien évidement la consan- guinité, mais également la contamina- tion de l’eau du village. « Nous avons analysé l’eau, et nous avons trouvé des germes pathogènes qui ont tendance à accentuer la transmission de maladies hydriques et autres », explique Ali Ben Yahia, président de l’association Un toit pour tous, Mashreq Shams. Le village ne dispose que d’une seule source, l’eau y est trouble et insuffisante pour l’en- semble des habitants. Le ravitaillement
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