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OPINION Par Christian d’Alayer


ET DEMAIN, VOUS LA VOYEZ COMMENT, L’AFRIQUE ?


A


ujourd’hui encore, comme hier, l’Afrique reste dominée économiquement par ses matières premières et, politiquement, par ses rapports avec l’Occident. Alors qu’avant-hier, le continent était avant tout une


sorte de réserve de main-d’œuvre gratuite. D’où le surprenant discours du président français, Nicolas


Sarkozy, à Dakar, sur « l’absence de l’Afrique dans l’Histoire » ! Comme si, déjà, les razzias, puis la traite des Noirs ne faisaient pas partie de l’histoire des humains, face la plus obscure qui puisse être, tandis qu’étaient gommées d’un trait de plume par Claude Guéant (ancien secrétaire général de la présidence, devenu ministre de l’Intérieur), les civilisations pharaoniques et bantoues. Sans compter la préhistoire qui doit énormément à l’homme noir, sorti du Rift pour conquérir le monde entier et dont nous sommes tous les héritiers… Mais trêve du mépris des autres, qui a trop longtemps


pesé sur les Africains pour que ceux-ci en restent psycholo- giquement indemnes. Passons donc résolument à l’avenir. Pas à un avenir lointain, mais à un avenir prévisible et donc porteur d’espoirs. Commençons par l’économie puisque je crois que celle-ci gouverne le monde bien plus que les armées les plus équipées : s’il y eut les Chinois, puis les Arabes, puis les Turcs, puis les Mongols, c’est bien parce qu’existait de longue date la fameuse « route de la soie » ou « route des épices » reliant commercialement l’Orient à l’Occident. Et c’est pour contrôler ces relations Est-Ouest que l’Occident partit à l’assaut des mers tandis que les Chinois, contrôlant l’offre expédiée par voie terrestre, n’en éprouvèrent point le besoin et se contentèrent d’une exploration maritime sans lendemain… Et, à cet égard, l’Asie reprend la main en incluant


l’Afrique dans son ré-envol : demain, le grand partenaire économique du continent ne sera pas l’Occident, mais l’ensemble de l’Asie. Déjà les entreprises chinoises de BTP font reculer très rapidement leurs concurrentes françaises dans tous les pays. En Angola, pays allié de la France dans


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les guerres des Congo, ce sont les Chinois qui ont construit, à une vitesse faramineuse, la ville nouvelle de Ki Lamba Kiaxi dont les premiers des 120 000 logements seront livrés en 2012. Cette grande banlieue de Luanda fait partie des 7 villes nouvelles dont le gouvernement angolais a imaginé la création pour un prix de 50 milliards de dollars au total et 1 million de nouveaux logements. Les Chinois se sont contentés de 3,5 milliards de dollars pour la création de la première tranche et, franchement, on ne voit pas les Européens pouvoir rivaliser ! Bien sûr, maugréent-ils sur la qualité des logements. Mais aux dires des journalistes qui sont allés sur place, cette qualité semble irréprochable. Tout comme celle des routes qu’ils construisent aujourd’hui, pratiquement sans concurrence à travers tout le continent : il ne faut pas les refaire intégralement l’année suivante comme l’ont soutenu les Occidentaux dépités ! Dans des pays en construction, le BTP est primordial


et on voit qu’il échappe déjà aux Occidentaux. Comme sont en train de leur échapper les transports, très longtemps (trop longtemps ?) entre leurs mains : les navires à Maersk et Delmas-Vieljeux (aujourd’hui CGM), les ports et les trains à Bolloré, les chargeurs essentiellement aux entreprises françaises, etc. Tout cela recule aujourd’hui sous nos yeux avec l’avènement du port de Dubaï tant à l’est du continent (Djibouti) qu’à l’Ouest (Dakar). Et la partie est loin d’être terminée quand on considère à la fois la volonté de Douala de devenir « le » port d’Afrique centrale (avec Kribi, port pétrolier, et la construction d’une 2e


plate-forme en eau


profonde près de Douala) et la mauvaise image de marque de la France de Sarkozy dans toute l’Afrique centrale. Certes, les Sud-Africains ont prioritairement renforcé


leur présence au sein du marché commun d’Afrique australe qu’ils dominent aujourd’hui très largement, Mozambique et Tanzanie inclus. Ne résiste vraiment que l’Angola, riche et fortement armé, cherchant à se rallier les pays d’Afrique centrale.


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