CAMEROUN SOCIÉTÉ
LES CAMEROUNAISES DRAGUENT LES BLANCS SUR LE NET
Arrivé tardivement au Cameroun, Internet est vite devenu un instrument à travers lequel les femmes – mariées ou célibataires – cherchent des correspondants à l’étranger. Face à l’ampleur du phénomène, qui a déjà pris des proportions alarmantes, sociologues et hommes d’Église invitent à « une prise de conscience collective ». Par Antoine Francis Ekang
M
arié et père de deux enfants, Aristide Nguekam (30 ans) est un jeune cadre dans une entreprise de Douala. Un midi, de retour d’une mis-
sion de deux jours à Yaoundé, Aristide trouve ses deux enfants, inconsolables, chez la voisine. Son appartement, à moi- tié vidé, est sens dessus dessous. Furieux, il tente de téléphoner à sa dulcinée qui est injoignable. Les multiples coups de fil lancés auprès des parents, amies et connaissances, sont infructueux. Il s’écroule sur le canapé du salon, atten- dant l’arrivée de Mylène, son épouse. Au coucher du soleil, son téléphone portable sonne. Le numéro de l’appe- lant provient de l’Hexagone. Du coup, Aristide pense à Jean-Marie, un de ses amis d’enfance, aujourd’hui résidant à Paris. Lorsqu’il décroche, il entend la douce voix de son épouse : « Bébé, c’est moi. Je sais que tu ne comprends rien à tout ce qui se passe. Tout ce que je peux te dire pour l’instant, c’est que je suis ora- geusement tombée amoureuse de François, un Parisien que j’ai rencontré sur le Net, avec qui j’ai contracté un mariage civil à Douala. Il était difficile pour moi de te l’avouer. Mais j’ai profité de ton séjour à Yaoundé pour partir avec lui à Paris. Je te prie d’embaucher une baby-sitter pour les enfants. Si cela ne te dérange pas, je t’en- verrai des ressources à la fin de chaque mois. Tu as raison de m’en vouloir, mais com-
56 • NEW AFRICAN • Septembre - Octobre 2011
prends que je n’avais pas d’autre choix que d’agir ainsi. Pardonne-moi et prie le Ciel pour qu’il veille sur toi, sur moi et sur nos enfants. » Elle raccroche. Au grand dam de son jeune époux, qui apprendra doré- navant à vivre sans la mère de ses enfants, partie chercher fortune ailleurs. Trou- vant son histoire à la fois « surréaliste et déshonorante », Aristide n’a pas saisi un huissier de justice pour faire constater l’abandon du foyer conjugal.
La face cachée d’Internet Au Cameroun, les histoires comme
celle de ce jeune couple sont légion. Par un effet de mode, de nombreuses femmes abandonnent leur foyer pour des mariages avec des hommes rencon- trés sur la Toile. Le phénomène touche plus les femmes des grandes villes, où il est plus facile de chercher, et de trouver, un Blanc via Internet. D’autant que les cybercafés y foisonnent et que la connexion est souvent à très haut débit. La tarification est fonction du temps de navigation : de 150
F.CFA pour 30 minutes à 500
F.CFA pour trois heures. Les familles à revenus moyens se font plaisir en s’offrant un ordinateur et une connexion Internet à la maison. Ceux qui travaillent et occupent des postes à responsabilité se familiarisent avec le Net au bureau. De Douala à Garoua, en passant par Edea, Bafoussam, Buea, Limbe, les
conséquences du Web ont atteint des proportions alarmantes. Les facteurs qui concourent à l’amplitude du phéno- mène sont la mondialisation, et, surtout, une société de plus en plus libre qui a contribué à la dégradation des mœurs africaines, lesquelles limitaient les mou- vements des femmes. La société a perdu ses repères, et l’argent a pris le dessus sur les valeurs fondamentales. « Aujourd’hui, les femmes se croient autorisées à tout faire, nonobstant les conséquences pou- vant découler de leurs actes », constate un enseignant de sociologie à l’université de Douala. Avant d’inviter ses concitoyens et les hommes d’Église à « une prise de conscience collective à une forte campagne de prise de conscience pour le réarmement moral de la société ». Arrivé tardivement au Cameroun,
Internet est vite devenu l’instrument incontournable à travers lequel les femmes – mariées ou célibataires – cher- chent des correspondants à l’étranger. Particulièrement en Europe. Qu’est-ce qui peut expliquer l’attraction des femmes camerounaises pour les Occi- dentaux ? Bien qu’elles travaillent très dur, beaucoup de femmes ne parvien- nent pas à s’en sortir. Afin de surmon- ter leur vulnérabilité économique et sociale, elles se familiarisent avec le Net dans l’espoir de rencontrer des Blancs qui les aideraient à mieux vivre. « Les hommes dont les épouses se cherchent un
Page 1 |
Page 2 |
Page 3 |
Page 4 |
Page 5 |
Page 6 |
Page 7 |
Page 8 |
Page 9 |
Page 10 |
Page 11 |
Page 12 |
Page 13 |
Page 14 |
Page 15 |
Page 16 |
Page 17 |
Page 18 |
Page 19 |
Page 20 |
Page 21 |
Page 22 |
Page 23 |
Page 24 |
Page 25 |
Page 26 |
Page 27 |
Page 28 |
Page 29 |
Page 30 |
Page 31 |
Page 32 |
Page 33 |
Page 34 |
Page 35 |
Page 36 |
Page 37 |
Page 38 |
Page 39 |
Page 40 |
Page 41 |
Page 42 |
Page 43 |
Page 44 |
Page 45 |
Page 46 |
Page 47 |
Page 48 |
Page 49 |
Page 50 |
Page 51 |
Page 52 |
Page 53 |
Page 54 |
Page 55 |
Page 56 |
Page 57 |
Page 58 |
Page 59 |
Page 60 |
Page 61 |
Page 62 |
Page 63 |
Page 64 |
Page 65 |
Page 66 |
Page 67 |
Page 68 |
Page 69 |
Page 70 |
Page 71 |
Page 72 |
Page 73 |
Page 74 |
Page 75 |
Page 76 |
Page 77 |
Page 78 |
Page 79 |
Page 80 |
Page 81 |
Page 82 |
Page 83 |
Page 84 |
Page 85 |
Page 86 |
Page 87 |
Page 88 |
Page 89 |
Page 90 |
Page 91 |
Page 92