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MAROC SOCIÉTÉ


UNE FERME ÉCOLE POUR RÉINSÉRER LES JEUNES DES RUES


L’association marocaine Bayti propose depuis cinq ans le travail à la ferme pour aider les jeunes des rues à se réinsérer. Objectif : les former aux métiers de l’agriculture et les sensibiliser à l’écologie. Loin du chaos des villes, ces adolescents, qui ont côtoyé l’enfer, reprennent confiance en eux. Par Christelle Marot, correspondante au Maroc


D


ans la ferme école de l’as- sociation Bayti (ma petite maison en darija, l’arabe dia- lectal), à une quarantaine de kilomètres au nord de Keni-


tra, une vingtaine de jeunes garçons et filles, en bleu de travail, avancent penchés sous le soleil. Sous le regard d’Hassan Zaim, ingénieur agricole et responsable du centre, ils plantent du maïs fourrager pour l’élevage. Une dizaine de vaches laitières seront bien- tôt livrées. Jovial, Hassan écrase un épi de blé dans le creux de sa main : la récolte est pour bientôt. Dans cette ferme de dix hectares, l’association a planté du blé, du maïs et de l’orge. Elle cultive également des fruits et des légumes qu’elle revend au village voi- sin.


Depuis 5 ans, cette ferme éduca- tive, rompue aux techniques modernes, accueille chaque année près de 70 jeunes, de 15 à 25 ans, rescapés de la rue ou ado- lescents en très grande difficulté. Objec- tif : les former, en trois ans, aux métiers de l’agriculture, en alternant travaux pratiques et cours théoriques. Le sport, l’expression orale, les activités culturelles et artistiques occupent également une bonne place.


26 • NEW AFRICAN • Septembre - Octobre 2011


Ici, on apprend l’irrigation, la ferti- lisation, le labour, la sélection des varié- tés, la taille des arbres. Les jeunes sont sensibilisés aux problèmes écologiques, notamment à une utilisation ration- nelle de l’eau et des engrais. Le projet pilote, qui nécessite près d’un million de dirhams par an pour son fonctionne- ment (sans compter les investissements), est notamment financé par la fondation Suez, la fondation suisse Drosos, le PNUD, le ministère français de l’Envi- ronnement. Si l’ambiance est bon enfant, le


règlement est aussi très strict. Chacun se doit de participer à la vie en com- munauté. Pour les travaux agricoles, les jeunes sont payés entre 5 et 20 dirhams la tâche. De l’argent de poche, qui per- met de jauger leur autono- mie financière. Dans la rue, ils ont


côtoyé l’enfer : violences, exploitations, abus sexuels. La plupart a eu des pro- blèmes de drogue ou d’alcool. Loin du chaos des villes, ils reprennent pied doucement.


« Casablanca, cette ville est ter- rible, j’espère ne plus jamais y remettre les pieds, il y a trop de


mauvaises choses », raconte Mehdi-Selim, 18 ans, un maillot aux couleurs du FC Barcelone sur le dos. La tête légèrement penchée sur le


côté, le corps encore hésitant, Abdellatif, 19 ans, un garçon abîmé par six années passées dans la rue, revient de loin. Inca- pable de communiquer à son arrivée dans le centre il y a huit mois, souffrant de problèmes psychologiques impor- tants, il a retrouvé la parole, s’est fait des copains, envisage son avenir sereine- ment. Il se verrait bien travailler dans les agrumes et rêve de construire sa maison.


« Planter un arbre, s’occuper d’une plante […] Le retour à la terre est un moyen de retrouver du sens, transmettre des valeurs, créer un sentiment d’appartenance », explique Hassan Zaim.


« Planter un arbre, s’occuper d’une plante […] Le retour à la terre est un moyen de retrouver du sens, transmettre des valeurs, créer un sentiment d’appartenance »


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