Ambitions Le chanteur a d’autres ambitions.
Désireux de faire progresser les menta- lités vers la renaissance, l’artiste se sent attiré par les plus hautes marches du podium. « Il ne s’agit pas là de se laisser tenter par une quelconque destinée poli- tique, affirme-t-il d’emblée. Le conti- nent a trop souffert de cette politique poli- ticienne qui n’a servi que les intérêts de l’exécutif. On parle d’ouverture, le conti- nent bouge, il se métamorphose. La pla- nète ne peut que composer avec lui. C’est cette réalité qu’il faut mettre en exergue et développer ».
Et d’affirmer : « En temps qu’artiste,
mon rôle est d’apporter l’énergie et la vitalité à des personnes en proie au doute. Il ne s’agit pas de faire une quelconque morale, mais de contribuer, par nos actions, à promouvoir nos atouts et nos différences. De rétablir les bases saines d’une coopération et d’un partage fruc- tueux, où on pourrait négocier d’égal à égal, dans le respect et la compréhension mutuels ». Il voit, pour sauver le conti- nent et lui redonner toute sa dimen- sion, l’apparition de grandes institu- tions culturelles, témoignages d’un passé auquel l’humain doit se confron- ter s’il ne veut pas perdre son identité, et qu’il ignore dans bien des cas. « Il doit regarder l’Histoire avec déférence, s’en imprégner, pour mieux mesurer et envisager l’avenir ». La route est longue, le chemin
sinueux. Mais Papa Wemba ne baisse pas les bras. C’est dire que le créateur a foi en l’avenir. Ayant accompagné l’aventure des musiques noires en Europe, Papa Wemba reste une idole, un exemple de réussite, le phare qui éclaire les esprits et les guide vers les forces suprêmes. « Je cherche au quotidien, à transmettre l’amour du Christ à mes proches. À leur ouvrir la voie et le chemin de l’espérance. Être en France est une chance énorme, il nous faut maintenant penser à l’effort de coopération, de mutualisation pour nos peuples ». Tout comme en musique, il ras-
semble les diversités pour mieux les faire vivre et prospérer ensemble.« Ce sont les artistes, les intellectuels, les chercheurs, les philosophes qui, demain, relèveront l’Afrique, la sortiront de ses ténèbres, lui donneront la force d’exister. Je serai de ceux-là ».
Culture ADMIRAL T Q Du ghetto aux feux de la rampe
À 29 ans, il est auteur, compositeur, interprète et producteur, mais aussi acteur et styliste. Pour beaucoup de jeunes du ghetto dont il est lui-même issu, Admiral T est un symbole de réussite et de persévérance. Par Malika Roux, correspondante en Guadeloupe
uel spectacle ! », « grandiose et épous- touflant », « un coup de génie »… Encensé par la presse, Admiral T poursuit son irrésistible ascension. En novembre 2010, au Zénith de Paris, plus de 6 000 personnes ont célébré l’ar- tiste. Il faut dire que le show était à la hauteur des attentes : 2 h 30 de concert, des danseurs de renom, des invités triés sur le volet, dix changements de cos- tumes… Une consécration. De son vrai nom Christy Campbell,
Admiral T a grandi à Boissard, quartier pauvre jouxtant Pointe-à-Pitre, autre- fois surnommé « le plus grand bidon- ville de France ». Un univers où le jeune Christy évolue entouré de ses neuf frères et sœurs. Son père est originaire de la Dominique et des États-Unis, sa mère vient de Marie-Galante. Il reçoit une éducation stricte.
Il découvre la culture reggae dance-
hall. et, inspiré par son frère DJ, il commence à « toaster » et entre au sein du collectif Arawak Sound System. Le soir après les cours, il s’exerce dans les sounds de l’agglomération. La belle époque.
Après plusieurs apparitions sur des compilations, c’est le morceau Rapide, en 1998, puis Gwadada, en 2002, qui le sortent de l’ombre. Et c’est le label martiniquais Don’s music qui édite, en 2003, l’album Mozaïk Kreyol qui séduit le public outre-Atlantique. L’album, disque d’argent, est récompensé par un prix Sacem Guadeloupe. On lui offre un premier rôle remarqué aux côtés de Daly, Jocelyne Beroard ou Stomy Bugsy dans Nèg’ Marrons, un long- métrage réalisé par Jean-Claude Fla- mand Barny. Suivra l’album Toucher l’horizon. Avec notamment Kassav et Diam’s, l’album ne déçoit pas ses fans et parvient à accrocher un public de plus en plus nombreux. Les récompenses pleuvent : Césaire de la musique, Prix
Septembre - Octobre 2011 • NEW AFRICAN • 83
Sacem, Skyrock Music Awards, invita- tion sur les plateaux de télévision pari- siens, tournée européenne, puis afri- caine. Instinct Admiral, son troisième album, sort en 2010. Des rythmiques reggae ragga dancehall mêlées de sono- rités plus électro, R&B ou soca. Les raisons de son succès ? Un
phrasé ultrarapide, un style musical original teinté de traditionnel, des musiciens talentueux, des rencontres détonantes, un artiste engagé et popu- laire, une parfaite maîtrise de la scène. L’homme est un showman redoutable. Ses spectacles millimétrés, sa mise en scène sont dignes des plus grands shows à l’américaine. Et Admiral T a d’autres talents.
Fort de son succès, son épouse et lui ont créé une nouvelle ligne de vêtements : Wok Line. Du prêt-à-porter homme, femme et accessoires de mode pour un style chic et urbain. L’enfant du pays n’est pas prêt de rendre les armes.
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