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médecine communautaire à l’Université de Sousse de 1981 à 2000, année à laquelle il fut exclu par le régime de son poste pour cause d’insubordination politique, a intégré la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) en 1981. En 1985, il a été élu au comité directeur de l’orga- nisation, puis, en 1987, désigné vice-président chargé de l’éducation du public et de la formation des militants. Quatre années plus tard, il est élu à l’unanimité à la présidence de l’organisation. La LTDH fait montre d’une grande indépendance vis-à-vis du régime de Ben Ali, prenant la défense des détenus politiques quels qu’ils soient, y compris les islamistes d’Ennahdha. Ce que le dictateur ne supporte pas. C’est ainsi que la Ligue est dissoute, en juin 1992, suite à son opposition à une nouvelle loi sur les associa- tions. Le Dr Marzouki crée, en 1993, le Comité national pour la défense des prisonniers d’opinion qui est déclaré illégal. Il décide de se présenter à l’élection présidentielle du 20 mars 1994, est emprisonné et privé de passeport. Président de la Commission arabe des droits de l’homme entre 1996 et 2000 et porte-parole du Conseil national pour les libertés en Tunisie entre 1998 et 2001, le Dr Marzouki s’exile en France où il exerce comme professeur de médecine tout en poursuivant son activité politique. C’est ainsi qu’il fonde, et préside depuis le 25 juillet 2001, le Congrès pour la république (CPR). Ce parti, dont il vient de fêter le 10e anniversaire, n’est cependant légalisé qu’après la révolution du 14-janvier.


Aujourd’hui, le CPR


et son leader se cherchent une place sur l’échiquier politique national, très encombré au centre- gauche, où ils se trouvent en concurrence avec d’autres formations ciblant pratiquement le même électorat : le PDP d’Ahmed Néjib Chebbi, Ettajdid d’Ahmed Ibrahim, et le Forum démocratique pour les libertés et le travail (FDTL) du Dr Mustapha Ben Jaâfar, pour ne citer que les plus en vue. Aux dernières nouvelles,


le CPR serait sur le point de constituer une alliance avec d’autres formations, dont Ennahdha. Ce rappro- chement avec les islamistes a cependant du mal à être accepté par certains membres du CPR, qui ont préféré claquer la porte. À l’approche de


l’élection 23 octobre, la marge de manœuvre se rétrécit. La défiance affichée par un grand nombre d’électeurs vis-à-vis de certains partis soupçonnés de chasser sur les plates- bandes de l’ex-parti au pouvoir, pourrait inciter les voix des électeurs intransigeants à se reporter sur cet homme et son parti qui ont fait de la rupture avec l’ancien système leur principal credo. ●


Mustapha Ben Jaâfar se hâte lentement Ce professeur de


radiologie est le doyen de la scène politique tunisienne. Il en est aussi le plus sage. Celui, en tout cas, qui inspire le plus confiance parmi les leaders des partis en lice. À 71 ans, cet homme


tout en rondeurs, souriant et affable, continue de se hâter lentement. Ce marathonien de la politique – il est tombé dedans au lendemain de l’indépen- dance du pays, en 1956 –, a fait son bonhomme de chemin cahin-caha, résistant aux convoitises, quitte à mettre souvent ses ambitions en sourdine. « L’écoute oui, le dialogue toujours, mais jamais de compromis quand le coût politique et éthique est élevé », semble être son credo. La tortue, avec son abnégation et son assiduité, serait l’animal auquel il ressem- blerait le plus. Quel homme politique aurait attendu plus de cinquante ans pour se voir enfin propulsé sur le devant de la scène comme un sérieux prétendant aux plus hautes charges de l’État ? Ce qui caractérise aussi


Moncef Marzouki.


le Dr Mustapha Ben Jaâfar, c’est une certaine confiance en soi. Malgré les traversées du désert qui ont jalonné son parcours politique, il n’a jamais douté et a gardé le cap, imperturbable, presque serein. Même au plus fort de la répression, lorsque les membres de son parti, le Forum démocra- tique pour les libertés et le travail (FDTL ou Ettakatol) étaient carrément empêchés de se réunir, il a gardé son sang-froid, élevant rarement la voix sauf pour dénoncer les atteintes aux libertés. Dans un portrait que


j’ai brossé du Dr Ben Jaâfar il y a quelques années, je l’ai qualifié d’« intransigeant modéré ». Deux traits de caractère qu’il revendique avec force conviction. C’est sa marque de fabrique. Sa force résiderait peut-être dans cette faiblesse apparente, cette main de fer dans un gant de velours, cette manière élégante de plier sans rompre, dans une quête permanente d’équi- libre entre ce qui est souhai- table et ce qui est possible, entre l’ambition sans limites du rêveur, de l’utopiste, et les limites que s’imposent le réaliste et le pragmatique. Quoique souvent, avec lui, le réalisme reprenne le dessus : le réalisme mais pas la Realpolitik, et encore moins l’opportunisme. Né en 1940 dans le


quartier populaire de Bab-Souika, à Tunis, Mustapha Ben Jaâfar a perdu son père à l’âge de cinq ans. Initié à la cause nationaliste par ses cousins qui militaient au sein du Néo-Destour, il n’a pas tardé à rejoindre ce parti nationaliste qui a pris le pouvoir après l’indépen- dance du pays en 1956. Il a aussi été partie prenante dans l’Union générale des étudiants tunisiens (UGET) durant ses années d’études de médecine en France. Sa rupture avec Bourguiba sera consommée au lendemain du limogeage du ministre Ahmed Ben Salah, en 1969. Il quitte le parti au pouvoir et rejoint la dissidence, alors menée par un autre Tunisois, Ahmed Mestiri. Depuis, tout en poursuivant une carrière de professeur à la Faculté de médecine de Tunis, il participe à tous les combats pour la démocratie, les droits de


Septembre - Octobre 2011 • NEW AFRICAN • 7


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