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SÉNÉGAL POLITIQUE


encore un peu de lucidité qui l’habite, il doit savoir que le jeu est vraiment fini. Il a perdu et doit l’accepter ». Il est vrai que jamais, depuis son arrivée au pouvoir, le peuple n’avait si massivement et si frontalement affiché son opposition au régime libéral. En plus d’une décennie de règne, jamais une décision du Président n’avait atteint un tel degré d’impopularité et n’avait suscité un tel rejet. Pourtant ce ne sont pas les modifications constitu- tionnelles ni les mesures impopulaires qui ont manqué. En réalité, si les Séné- galais ont souvent semblé attentistes, c’est qu’ils souhaitaient s’exprimer dans les urnes. Or la réforme consti- tutionnelle et la modification de la loi électorale ne leur donnaient pas cette possibilité. Là réside l’origine de leur recours aux manifestations de rue et à la violence.


Mobilisation Résultat de cette « éclatante victoire


du peuple », selon une déclaration ren- due publique fin juin par une trentaine d’organisations de la société civile, elles ont dorénavant décidé de se mobiliser


« afin que les actes posés par l’État soient en conformité avec les règles d’éthique, de justice, de transparence, dans le respect absolu de tous les droits des citoyens et citoyennes ». Par ailleurs, pour maintenir la pres-


sion sur le régime et pousser Abdou- laye Wade à ne pas se représenter, un


« Mouvement du 23 juin » a aussitôt été lancé, avec pour principaux objec- tifs la préservation des acquis démocra- tiques et le refus d’une succession de type dynastique. Le succès a été tel que moins


d’une semaine plus tard, le 27 juin, les Sénégalais sont redescendus dans la rue, cette fois-ci pour protester contre les délestages et le rationne- ment de l’électricité pourtant deve- nus quasi endémiques. Ils s’en sont alors pris aux symboles du pouvoir et de la Société nationale d’électricité (Sénelec), aujourd’hui sous la tutelle du ministre Karim Wade, qui cumule le portefeuille sensible de l’Énergie avec ceux de la coopération inter- nationale, des infrastructures et des transports aériens. À coup sûr, la route vers 2012 ne sera pas de tout repos pour les Wade. n


46 • NEW AFRICAN • Septembre - Octobre 2011 La société civile se saisit DU POLITIQUE


Le « printemps arabe » essaime-t-il en Afrique subsaharienne ? C’est ce qui semble se produire au Sénégal, à quelques mois de la présidentielle prévue en février 2012. Après 40 ans de pouvoir socialiste, l’alternance libérale, accueillie avec ferveur en 2000, a un goût amer. Et la société civile s’invite dans le débat politique. Par Aïssatou Diamanka-Besland


L


e Sénégal élira son président en février 2012. Un moment crucial pour ce pays d’Afrique de l’Ouest de plus de 10 mil- lions d’habitants. Le prochain


Président sera attendu sur les questions liées à l’éducation, la santé, l’emploi et la formation des jeunes, sur le dossier énergétique et enfin sur la croissance économique, socle d’un pays en déve- loppement. La société civile sénéga- laise est mobilisée pour cette prochaine échéance électorale. Elle espère voir un réel changement dans les institutions politiques, mais aussi du gouverne- ment au pouvoir depuis bientôt 11 ans.


Pour une nouvelle alternance « La situation politique du pays


est actuellement très critique et mérite beaucoup d’attention pour les échéances électorales à venir, notamment l’élection présidentielle. Cette situation suscite des inquiétudes quant à la tournure des évé- nements, mais aussi une certaine décep- tion par rapport à l’espoir créé par l’alter- nance en 2000. Le processus électoral fait en amont l’objet de beaucoup de contesta- tions du fait des suspicions de la part des acteurs politiques. Le pouvoir en place est soupçonné de vouloir frauder pour se maintenir. Il y a de la déception aussi, car personne ne pouvait imaginer que le Sénégal se retrouverait aujourd’hui dans la même situation politique que dans les années 1980-1990, quand le PS était au pouvoir et que nous voulions coûte que coûte une alternance. Il y a manifeste-


ment un recul démocratique net par rap- port à 2000 ». C’est en ces termes que s’exprime NDèye-Fadiaw Mané Touré, sage-femme. Cette déception presque généra-


lisée se dessine à quelques mois de la présidentielle. Une élection qui per- mettra aux citoyens sénégalais d’élire leur président de la République par le biais d’un scrutin déjà très « surveillé » par la société civile. Rappelons qu’en 2000, les Sénéga-


lais en quête de changement ont permis au pape du Sopi (« changement », en wolof) d’accéder à la présidence, après 40 ans de pouvoir du Parti socialiste (PS). Selon NDèye-Fadiaw Mané Touré : « 2000 fut une date historique pour nous. Nous avons montré un exemple de démocratie au monde. De nombreux pays, comme le Mali par exemple, ont accédé à la démocratie suite à des violences. Le Sénégal, lui, restait un cas exceptionnel dans la mesure où nous avions su conso- lider une démocratie en réalisant une alternative pacifique. Aujourd’hui, le président de la République doit impéra- tivement tenir compte de cela pour laisser le pouvoir à son tour de façon honorable et mémorable dans l’histoire du Sénégal ». De nombreux Sénégalais refusent


la candidature d’Abdoulaye Wade à un troisième mandat à cause de son âge assez avancé. La position stratégique qu’occupe son fils, Karim Wade, au sein du gouvernement est vivement critiquée par les membres de l’opposition et, bien sûr, par la société civile qui parle avec


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