L’association Bayti Chaque promotion compte environ
30 % de fi lles. Si le responsable du centre admet avoir hésité à introduire la mixité, au fi nal, le bilan est plus que positif. « Au contact des fi lles, on s’est rendu compte que les garçons faisaient des efforts de langage, prenaient davantage soin d’eux, respec- taient mieux le règlement. Un climat de fraternité s’est installé », reconnaît-il. Passée la méfiance, ils sont nom-
breux à être recrutés, à l’issue de leur stage de fin d’étude, par de grandes exploitations ou sociétés agricoles de la région. « Aucun n’a rechuté. C’est une grande fierté », souligne Ahmed, l’édu- cateur. Fatihi, 20 ans, est en contrat d’insertion dans une pépinière, pour 50 dirhams par jour. Il y a sept ans, ce garçon aux yeux rieurs vendait des mou- choirs aux carrefours des quartiers chics à Casablanca. « Quand j’étais dans la rue, je voyais le monde en noir, je ne percevais que les mauvaises choses. Aujourd’hui, ma vie est bien plus saine. J’ai un travail, je me suis fait des amis. On est comme des frères », raconte le jeune homme.
Issue de Ouled Marrouane, le village
voisin, Ibtissam, 19 ans, foulard noir et chemise rouge, vient de terminer sa for- mation. Elle est déjà recrutée dans une société privée à Kenitra, qui pratique la multiplication in vitro des bananiers.
« Avant, ma vie me semblait limitée. Je n’étais pas allée à l’école très longtemps. Aujourd’hui, j’ai une formation ; je peux travailler », explique-t-elle, avec assurance. Seul, immobile sur une chaise, Mokhtar, attend. Lui, ses 29 ans, sa sil- houette longiligne, son désespoir et des souvenirs en cascade : « Villeneuve Saint Georges, vous connaissez ? J’habitais là-bas, avec ma grand-mère. Elle était femme de ménage à Orly Sud. Paris, qu’est ce que ça me manque ! Montreuil, Clignancourt, les gars de la Goutte d’or ». Condamné à l’âge de 17 ans, à l’époque en deuxième année de BEP, Mokhtar a été frappé d’interdiction de territoire français pen- dant deux ans, après avoir purgé une peine de prison pour trafi c de drogue. Expulsé au Maroc à 20 ans, dans un pays qu’il connaît mal, il se voit confi s-
Fondée par Najat M’Jid, pédiatre, l’association Bayti est basée à Casablanca. Depuis sa création en 1995, elle a pris en charge 18 700 enfants, issus des quatre coins du pays. But visé : leur permettre de réintégrer le système scolaire. Un objectif atteint dans plus de 80 % des cas. Pour les adolescents, l’association propose également des formations, en partenariat avec les institutions, dans les domaines de la restauration, de l’électronique, de l’agriculture, etc. Parallèlement, un travail est fait pour permettre la réinsertion familiale.
quer son passeport par sa belle-mère. Privé de papiers, en rupture familiale, il se retrouve à la rue, il y a huit ans. Aujourd’hui, Bayti, c’est un peu l’école de la dernière chance. Une fenêtre qui s’ouvre. n
Septembre - Octobre 2011 • NEW AFRICAN • 27
Page 1 |
Page 2 |
Page 3 |
Page 4 |
Page 5 |
Page 6 |
Page 7 |
Page 8 |
Page 9 |
Page 10 |
Page 11 |
Page 12 |
Page 13 |
Page 14 |
Page 15 |
Page 16 |
Page 17 |
Page 18 |
Page 19 |
Page 20 |
Page 21 |
Page 22 |
Page 23 |
Page 24 |
Page 25 |
Page 26 |
Page 27 |
Page 28 |
Page 29 |
Page 30 |
Page 31 |
Page 32 |
Page 33 |
Page 34 |
Page 35 |
Page 36 |
Page 37 |
Page 38 |
Page 39 |
Page 40 |
Page 41 |
Page 42 |
Page 43 |
Page 44 |
Page 45 |
Page 46 |
Page 47 |
Page 48 |
Page 49 |
Page 50 |
Page 51 |
Page 52 |
Page 53 |
Page 54 |
Page 55 |
Page 56 |
Page 57 |
Page 58 |
Page 59 |
Page 60 |
Page 61 |
Page 62 |
Page 63 |
Page 64 |
Page 65 |
Page 66 |
Page 67 |
Page 68 |
Page 69 |
Page 70 |
Page 71 |
Page 72 |
Page 73 |
Page 74 |
Page 75 |
Page 76 |
Page 77 |
Page 78 |
Page 79 |
Page 80 |
Page 81 |
Page 82 |
Page 83 |
Page 84 |
Page 85 |
Page 86 |
Page 87 |
Page 88 |
Page 89 |
Page 90 |
Page 91 |
Page 92