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ALGÉRIE SOCIÉTÉ Exploitation des êtres humains


ALGER ÉPINGLÉE PAR UN RAPPORT AMÉRICAIN


L’Algérie compte désormais parmi les pays qui ne respectent pas les règles minimales de lutte contre la traite des personnes. Un rapport du département d’État pour l’année 2011, révèle le sort affligeant réservé sur le territoire algérien aux immigrés clandestins d’Afrique subsaharienne. Des femmes sont forcées à la prostitution tandis que des hommes, en majorité maliens, deviennent des esclaves domestiques qui se voient confisquer leur passeport par leur « employeur ». Par Samia Lokmane-Khelil


L


’Algérie a fait son entrée dans un pal- marès peu honorable. Un rapport du département d’État américain la range en effet au nombre des pays qui ne font rien pour lutter contre le trafic des êtres humains et le travail forcé. L’édition 2011 de ce classement épingle 23 États. Certains pays (Iran, Cuba, Corée du Nord, Soudan, Érythrée, Zimbabwe, Koweït et Arabie Saoudite) figuraient déjà sur cette liste noire les années précédentes. Ils sont rejoints par la Guinée équatoriale, la Guinée-Bissau, le Liban, la Libye, Mada- gascar, la Micronésie, le Turkménistan, le Venezuela et le Yémen. Point commun : ne pas se conformer aux règles minimales pour l’élimination de la traite des personnes et ne pas faire d’efforts significatifs aux niveaux législatif et exécutif.


Comme l’Algérie, ces pays ont la possi-


bilité de faire amende honorable jusqu’au 1er


octobre 2011. Sinon, ils s’exposent à des sanctions de la Maison Blanche : ajourne- ment de l’aide étrangère apportée aux pays contrevenants et exclusion de leurs fonc- tionnaires des programmes de formation. Les États-Unis menacent également de s’opposer aux initiatives d’assistance finan-


22 • NEW AFRICAN • Septembre - Octobre 2011


cière d’institutions comme le FMI ou la Banque mondiale. Les formes de traite inventoriées


concernent le travail servile et forcé, notam- ment celui des enfants, la traite sexuelle, la servitude pour dette chez les travailleurs migrants, la servitude domestique invo- lontaire et l’enrôlement des mineurs dans les conflits armés. Pour chacun des 184 pays étudiés, les Américains se sont fiés aux comptes rendus de leurs ambassades à l’étranger. Ils ont également utilisé les rap- ports des ONG et les résultats des voyages de recherche effectués dans chaque région. En ce qui concerne l’Algérie, des représen- tants de la société civile ont pris part à l’en- quête qui révèle que le trafic cible en par- ticulier les immigrés clandestins d’Afrique subsaharienne. « L’Algérie est un territoire de transit et, à un certain degré, une destination pour des hommes, des femmes et des enfants exposés au travail forcé et à l’exploitation sexuelle », constate le rapport selon lequel la plupart des Africains rejoignent l’Algérie volontairement, grâce à l’aide de contreban- diers, dans l’intention de rejoindre l’Europe. Sur place, un certain nombre de femmes sont intégrées de force dans des réseaux de


prostitution. Les Américains identifient les proxénètes parmi les chefs de village afri- cains qui sont nombreux dans la ville fron- talière de Tamanrasset. Les ghettos qui s’y forment constituent un lieu d’accueil pour les clandestins et un vivier pour les trafi- quants, dont les liens se prolongent parfois en Europe.


La traite ne touche pas seulement les femmes Le rapport évoque le sort d’hommes, majoritairement maliens, qui deviennent des esclaves. Pour les empêcher de partir, les propriétaires leur confisquent leur passeport. Dans le nord du pays, à Alger, les immigrés subsahariens triment sur les chantiers du bâtiment. Les patrons profitent de leur sta- tut d’illégaux pour les transformer en bêtes de somme. Compte tenu du durcissement des contrôles aux frontières de l’Europe, l’Algérie risque, selon le rapport, de passer de territoire de transit à celui de résidence des ressortissants d’Afrique subsaharienne, et de concentrer les réseaux de traite. La hausse du prix de passage versé par les clan- destins aux contrebandiers confirmerait cette éventualité.


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