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Vie associative AMÉLY-JAMES KOH BELA Croisade contre la prostitution


L’autosatisfaction n’a pas gagné Amély-James Koh Bela, suite au succès de son premier essai La prostitution africaine en Occident : vérités et mensonges (Éd. CCNIA Communication). Elle a continué à mener une croisade sans merci contre un phénomène qu’elle qualifie, sans concessions, de « fléau ». Par Julien M. Evina


L


a vie d’Amély-James Koh Bela a basculé en 1989, à Paris, suite à une expérience


personnelle relative aux violences et abus dont sont victimes les enfants. Non, la jeune Came- rounaise, diplômée de marketing et de gestion, ne fera pas carrière dans son domaine. Pourtant, elle en rêvait depuis son arrivée en France, en 1985. L’expérience qu’elle a vécue l’a choquée au point de la décider à combattre avec la dernière énergie la pros- titution de ses « petites sœurs » et de ses… « petits frères ». L’Afrique, terre d’origine de ces jeunes et, bien entendu, le Vieux Continent aux ramifications multiples, représentent désor- mais ses principaux fronts de lutte. Mais contre qui se bat-elle ? « Les trafiquants africains


travaillent en Europe dans la clandestinité, avec la complicité de certaines familles qui n’hésitent pas à livrer leurs propres enfants. Il est très difficile et dangereux de pénétrer dans leur milieu. Avec le


mouvement du Nid [une ONG française luttant pour construire une société sans prostitution], j’ai participé à des campagnes de pré- vention dans les lycées et collèges du département des Hauts-de-Seine. En Europe, il y a heureusement une vaste répression contre la prostitu- tion, ce qui est loin d’être le cas en Afrique où les trafiquants d’enfants sont impunis », déplore-t-elle.


Corruption La corruption qui tient en


échec la lutte contre la prosti- tution, ou du moins l’entrave, est le premier front sur lequel Amély se démène en Afrique. Là encore, le combat apparaît outrageusement déséquilibré. « Certaines polices aux frontières laissent passer des convois de traite contre quelques billets ; certains services des ministères des Affaires sociales, là où se traitent les auto- risations de sorties ou de dépla- cements des mineurs, se laissent soudoyer ; certains orphelinats, simples foyers d’adoptions illé-


gales, sont uniquement destinés à ceux qui payent. La plus vaste cor- ruption se trouve dans le circuit d’obtention des papiers pour les demandes de visas, quand ce n’est pas dans certains consulats que ces visas sont vendus. Mais elle existe également des mairies qui célè- brent de pseudo cyber-mariages. Bien entendu, la corruption n’est pas l’apanage de la seule Afrique. Même en Europe, on la rencontre. Mais la pire encore est celle des populations qui ont cédé leur dignité contre de l’argent, à n’importe quel prix, au mépris des valeurs humaines », fustige-t-elle. Parfois Amély-James Koh


Bela a l’impression que ses forces l’abandonnent. Mais elle se dit qu’elle aurait tort, et qu’elle s’en voudrait d’abdi- quer. Privilégiant la pédagogie comme stratégie de lutte, elle écume inlassablement les lycées et collèges pour des campagnes de prévention contre la prosti- tution et ses corollaires. Dans les villes et les villages les plus reculés, des conférences sont organisées, des campagnes contre l’exploitation sexuelle des enfants sont mises sur pied, des causeries éducatives sont régu- lièrement organisées au sein des réseaux de femmes.


Sensibiliser pour mieux dissuader


L’opportunité lui est ainsi


donnée de battre en brèche les idées reçues qui font de la pros- titution le « plus vieux métier du monde » pour certains, et un travail normal pour d’autres. « Les pays qui ont légalisé la pros- titution le regrettent aujourd’hui. En Allemagne, en Suisse, aux Pays-Bas et dans une partie de la Belgique, des réseaux en ont profité pour développer dans les rues des villes les formes les plus


Photo © Afrik.com/Sebastien Cailleux Septembre - Octobre 2011 • NEW AFRICAN • 81


abjectes et répugnantes d’exploi- tation sexuelle des jeunes filles et garçons », s’indigne-t-elle. À en croire cette combat- tante sociale, la prostitution est un fléau parce qu’elle mine la société par ses pratiques et ses réseaux criminels. « Cette acti- vité est à condamner avec la plus grande fermeté parce que dirigée par des réseaux mafieux, des tra- fiquants et autres composantes du grand banditisme et de la crimi- nalité. L’argent de la prostitution, poursuit-elle, a corrompu la société et ses mœurs ».


Amély a identifié les causes


du mal : la pauvreté, mais pas seulement : « La pauvreté est une cause aggravante, mais je parle- rais plutôt de pauvreté psycholo- gique. Je fais la différence entre la pauvreté et la misère. On peut être pauvre en restant honnête et en respectant les valeurs de la vie. Mais dans la misère, on s’avilit, on perd sa dignité. C’est dans cet état qu’on légitime les valeurs les plus criminelles sous prétexte qu’on a faim », tranche-t-elle. Une personne, fut-elle dotée d’une détermination sans faille, ne peut pas gagner seule un combat aussi titanesque. Amély n’a cessé de solliciter des soutiens. Elle en attendait de la part des États africains. Malheu- reusement, ses multiples mes- sages dans les médias nationaux et internationaux sont restés lettre morte. Toutefois, elle ne déses-


père pas de voir le chef de l’État camerounais, Paul Biya, décider d’une campagne de sensibilisa- tion à grande échelle. Surtout que selon les études d’Amély- James Koh Bela, le Cameroun arrive en tête des pays africains qui alimentent l’Europe, devant le Nigeria, la Sierra Leone, le Ghana et le Liberia.


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