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Les grands entretiens


Mohammad-Mahmoud Ould Mohamedou Politologue


LA FIN DE « L’APRÈS 11-SEPTEMBRE » ?


La mort d’Oussama Ben Laden, le « cerveau » d’Al-Qaïda, va certes réduire la portée de la commémoration du dixième anniversaire des attentats sur le sol américain ; il n’en reste pas moins que des ouvrages, des débats, des émissions spéciales, vont marquer ce mois de septembre. Comment le monde de l’après-Ben Laden va-t-il évoluer ? Comment les relations internationales se sont-elles modifiées ? Que sait-on, et sait-on tout de ce terrorisme planétaire ? Mohammad-Mahmoud Ould Mohamedou, politologue et chercheur, livre ses réponses. Entretien. Par Hichem Ben Yaïche


Quelles nouveautés vos livres Contre-Croisade et Understanding Al Qaeda apportent-ils sur les plans de l’approche et de l’analyse, alors que l’on peut croire que tout a été globalement dit sur le sujet, et qu’Oussama Ben Laden est mort ? Paradoxalement, cette question demeure relativement mal


comprise en dépit de sa large couverture médiatique… En réalité, l’historiographie du 11-Septembre a, dès le lendemain de ces événements historiques, été confinée à un canevas émotionnel, culturaliste et idéologique. Inévitablement, ceci a abouti à une architecture réductionniste. Alors même que l’ampleur de l’événement et sa complexité appelaient des lectures objectives et dédramatisées, les analyses dominantes qui ont été servies au grand public – des récits en fait, tour à tour alarmistes et réconfortants – faisaient paradoxalement l’impasse sur le fond du problème, à savoir l’utilisation à grande échelle de la violence politique à un niveau désormais transnational. C’est ce puits de sens clinique vers lequel le propos de mes ouvrages tend. Contre-Croisade examine la genèse, le déroulement et la portée des opérations contre les États-Unis, et Understanding Al Qaeda approfondit la réflexion en se penchant sur la structure changeante de l’organisation qui


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les a menés et la nature également évolutive de ses motivations dans un contexte de mutation du mode martial international. Ce sont, au fond, des ouvrages réactifs. Tant par rapport à la production dominante sur le 11-Septembre et sur Al-Qaïda que sur certaines tendances naissantes de politisation excessive du propos académique, appauvrissant sa valeur scientifique et perpétuant, en l’espèce, une école sécuritaro-orientaliste qui voudrait nous donner les clefs de ces questions comme résidant dans des explications principalement culturelles et religieuses.


Au-delà même du chef d’Al-Qaïda, s’il y a un acteur majeur dans le changement de dogme (politique étrangère, défense, renseignements…) ces dernières années, c’était bien George W. Bush. Avec le recul, comment appréhendez-vous cette dimension ? Et de quelle façon l’ensemble des paramètres a-t-il été modifié, transformé, pour en arriver là ? L’administration Bush est effectivement dans le mode transformatif des termes de l’échange international. C’est sa force et sa faiblesse. Aussi, à la clôture de ses deux mandats (2000-2008), le président George Bush léguera à son successeur à la fois une présidence impériale réinvestie d’un surplus de pouvoir, et ce jusqu’au processus législatif


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