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BURKINA FASO SOCIÉTÉ Développement humain SOLDE NÉGATIF


Au nombre des Objectifs du millénaire pour le développement que la communauté internationale est convenue d’atteindre d’ici à 2015, figurent la réduction de l’extrême pauvreté et de la mortalité infantile, l’amélioration de la santé maternelle, la lutte contre les maladies (dont le Sida et le paludisme), ainsi que la généralisation de l’éducation primaire. À quatre ans de cette échéance, ces défis sont-ils en passe d’être relevés au Burkina Faso ? Enquête de Véronique Narame


E


n dépit de l’aide au développe- ment qu’apportent bailleurs de fonds et ONG par le biais de programmes d’appui et de financements de campagnes,


au Burkina Faso, les maladies, la mal- nutrition et la déscolarisation sont des maux encore trop répandus. Malgré les réformes engagées pour drainer des investissements étrangers qui permet- traient d’accroître le développement économique du pays, et la multitude d’interventions dans le cadre de la coo- pération décentralisée et de missions humanitaires, la pauvreté a augmenté de 1,9 % en 9 ans, passant de 44,5 % en 1994, à 46,4 % en 2003.


Accès à l’éducation Taladidia Thiombiano, professeur d’économie à l’université Ouaga II, fait remarquer que le système scolaire burki- nabé est inadapté, que les infrastructures sanitaires ne sont pas dans un état satis- faisant, et que les aléas climatiques sont à l’origine des pénuries alimentaires. Le retard qu’accuse le pays serait dû à une mauvaise répartition de la croissance, et au fait que les bailleurs de fonds n’élabo- reraient pas de véritable stratégie natio- nale de développement. Les Canadiens, qui détiennent près de 60 % des entre- prises minières (principalement auri- fères), appuient pourtant depuis près de vingt ans le secteur éducatif burkinabé. En 2010, un protocole d’entente por- tant sur 50 millions de dollars a été signé. Cela n’induit pourtant pas d’améliora- tion significative. En 2007, moins du tiers de la popu-


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lation adulte était alphabétisé (29 % des plus de 15 ans), un des taux les plus faibles du monde. Ces résultats s’expliquent par l’importance du décrochage scolaire. Moins de la moitié des élèves (43 % en 2009) achève son cycle d’études primaires. Et ils ne sont que 21 % de la classe d’âge à poursuivre en secondaire. Peu d’ins- crits aussi dans l’enseignement supérieur, puisque seuls 3 % des Burkinabé y ont accès. C’est la recherche et le développe- ment qui en pâtit. Ils ne sont que 46 cher- cheurs, en équivalent plein temps, par million d’habitants. Les conditions d’en- seignement ne sont pas optimales. L’école élémentaire fonctionne, en moyenne, à 48 élèves par classe ; dans le secondaire, ce taux diminue proportionnellement à celui du nombre d’inscrits, passant alors à 30 élèves. Quant à l’alphabétisation des


adultes, les infrastructures sont quasi- ment inexistantes et les méthodes d’en- seignement – par exemple l’initiation assistée par ordinateur – sont en deçà des attentes, nonobstant les contribu- tions des Pays-Bas, de la Suède et du Luxembourg. Au final, ce sont les com- pétences qui font défaut et le manque de ressources humaines qualifiées. Le déficit social est de même importance.


Un système de santé en souffrance Côté santé, ce n’est pas la panacée.


Loin s’en faut. « Un contexte économique difficile, marqué par la raréfaction des ressources, n’a pas permis d’atteindre tous les objectifs d’amélioration de la santé », convient le ministère de la Santé. À l’échelle nationale, on compte 12 hôpi-


taux régionaux et nationaux pour une population de 15,2 millions d’habitants, et un médecin pour plus de 22 500 habi- tants. En revanche, il y a 320 établisse- ments privés. Mais ces prestations ne sont pas accessibles à tous. Pour pouvoir en bénéficier, il faut être immatriculé par son employeur. Dans un pays où le secteur informel est important, il y a for- cément peu d’assurés sociaux. La Caisse nationale de sécurité sociale gérait au total 45 000 dossiers d’allocataires en 2008. Ce service, ainsi que la Caisse autonome de retraite des fonction- naires (Carfo) et l’Office de santé des travailleurs (OST), profite à seulement 10 % de la population burkinabé. En l’absence de système de protec-


tion sociale généralisé à l’ensemble de la collectivité, le recours aux soins est un luxe. Les privilégiés qui peuvent s’offrir un suivi médical de qualité paient le prix fort. Ils font appel aux sociétés privées qui prennent en charge l’organisation de leurs soins, en France ou ailleurs. Quelques rares fois, les organisations humanitaires permettent de traiter des pathologies lourdes. En 2008, le ratio de décès maternels


En l’absence de système de protection sociale généralisé à l’ensemble de la collectivité, le recours aux soins est un luxe.


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