Le grand boom des plates-formes collaboratives transport
Dans le domaine des processus transport, la digitalisation n’est pas un vain mot. La prolifération actuelle des plates-formes cloud dédiées au monde du transport routier de marchandises (TRM) en témoigne. Suivi des marchandises, preuves de livraisons, mise en relation directe entre chargeurs et transporteurs, tour de contrôle : il y en a pour tous les goûts.
S
hippeo, Chronotruck, Fretlink, Convargo, Click & Truck, Join2Ship, Shiptify, etc. Elles ont tendance à pousser comme des champignons ces start-ups aux noms évocateurs qui s’apprêtent toutes à révolutionner le monde du TRM avec des plates-formes collaboratives, ouvertes, en mode cloud. Comment expliquer cette effervescence ? D’abord parce que ce type de plates-formes digitales a déjà fait ses armes dans le grand public avec des services comme Uber ou Blablacar. La démocratisation du smartphone, y compris chez les chauffeurs rou- tiers, ouvre des perspectives très intéressantes pour des services en temps réel de géolocalisation et de preuves de livraison, à partir d’ « applis » gratuites et téléchargeables. L’autre raison est liée au marché, car il existe plusieurs attentes non assouvies, du côté chargeurs comme du côté transporteurs. Une étude récente qu’a réalisée l’éditeur DDS Logistics avec l’Ecole Supérieure des Transports montre par exemple que plus de 60 % des entreprises n’ont pas digitalisé leurs proces- sus de communication avec les transporteurs. Et qu’elles sont plus de la moitié (53 %) à reconnaître ne pas maîtriser la traçabilité de leurs expéditions. Par ailleurs, nombreux sont les chargeurs, notam- ment les PME, à se plaindre de l’opacité des tarifs de transport. De leur côté, les petits et moyens transporteurs ont du mal à trouver facilement du fret pour optimiser leurs taux de remplissage ou réduire leurs retours à vide et à se faire payer dans les délais légaux prévus par la loi Gayssot (30 jours après la date de facture).
Rassurer les transporteurs
Ces plates-formes collaboratives transport pro- posent de digitaliser tout ou partie des processus transport et de réduire considérablement l’usage du téléphone et de l’e-mail entre les chargeurs et les transporteurs. Un chargeur peut échanger des informations avec les transporteurs qu’il a sélectionnés et inversement, un conducteur peut remonter des informations vers la plate-forme avec la même appli smartphone pour plusieurs de ses clients. Autre point commun, quel que soit le service proposé, le modèle économique est géné- ralement basé sur un paiement à la consomma-
tion côté chargeurs. L’objectif est d’atteindre rapi- dement une certaine masse critique en termes de nombre de transporteurs connectés pour que l’offre soit pertinente. Dès lors, tout est fait pour rassurer les transporteurs, en leur proposant gratuitement par exemple des services de cartographie, repor- ting, de gestion administrative ou de pilotage de
leurs flux. La plate-forme s’appuie également sur l’historique des données échangées pour permettre aux chargeurs de mesurer sur la durée la qualité de service de leurs différents transporteurs.
Smartphones et tracking temps réel La start-up la plus emblématique de cette nou- velle tendance est Shippeo, dont l’offre actuelle se concentre sur la traçabilité (tracking) en temps réel des opérations de transport via une plate- forme web mutualisée et une appli smartphone gratuite pour le suivi géolocalisé de la qualité des livraisons et la remontée d’informations par les conducteurs. Le service a été lancé il y a un an et plus d’une vingtaine de grands comptes, dont Cas- torama, FM Logistic ou Viapost, l’ont déjà expéri- menté. Après avoir bouclé une levée de fonds de 2 M€, la société étoffe actuellement son équipe pour intégrer informatiquement sa plate-forme avec les SI de ses futurs clients et développer de nouvelles fonctionnalités. D’autres offres, comme
SEPTEMBRE 2016 - SUPPLY CHAIN MAGAZINE N°107 35
©SHIPPEO
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