s’est présentée au Flex Pro. Le développe- ment incroyable de sa musculature générale saute aux yeux, mais ce sont ses épaules qui étonnent le plus. En effet, Phil Heath n’est pas doté
de larges clavicules, et pendant ses premières années chez les pros, son manque de carrure a souvent été cité comme un handicap majeur par rapport à des bodybuilders aux épaules larges, comme Jay Cutler, Victor Martinez, et (autre débutant chez les pros IFBB en 2006) Dennis Wolf. Cependant, Heath sait comment remédier à cela. Même s’il lui est impossible d’allonger ses clavicules, il peut ajouter des muscles à leurs extrémi- tés. En augmentant de manière spectacu- laire le volume de ses deltoïdes, il se forge des épaules tellement larges que plus personne ne parle de son “étroitesse” au moment où il brandit le Sandow à l’issue du dernier concours Olympia. “Quand je suis passé pro, cela ne faisait que deux ans que je faisais du bodybuilding, et mes défauts structurels et autres étaient évidents,” se rappelle Heath. “Au bout du compte, tout le monde a constaté à quel point j’ai progressé. Chaque année, quelqu’un disait que j’avais les épaules trop étroites, et j’ai réussi à les faire taire en travaillant dur à la salle. Je suis resté positif et concentré. Je n’écoute pas vraiment les commentaires des autres.
Je regarde les photos de mon dernier concours, et je me pose une question simple: puis-je m’améliorer? La réponse est toujours affirmative.”
RENFORCER LES BASES Heath commence la séance épaules avec
le développé barre debout. Il fait une série d’échauffement à 61 kilos avant de passer à une série effective de 84 kilos. Quand je lui fais remarquer que Cutler apprécie aussi cet exercice à l’ancienne, Heath sourit et me confie qu’il pique des idées à tout le monde. “Pour cet exercice, je me suis inspiré de Jay. Il le trouve efficace, et moi aussi. Au début, Hany [Rambod] ne voulait pas que je l’utilise, parce qu’il craignait qu’il sollicite trop les abdos et provoque un élargissement de ma taille. Pourtant, à Olympia, mon tour de taille a diminué. Ma respiration était impeccable, ce qui est très important. Quand on respire mal, on court de gros risques. Il faut respirer avec la poitrine uniquement, l’inspiration ne doit pas se faire au niveau de la taille.”
“JE PROFITE DE LA PÉRIODE HORS SAISON POUR ME FORGER UNE BASE PLUS SOLIDE. J’AI TOUT REPRIS À ZÉRO, ET J’AI MODIFIÉ MES FOURCHETTES DE REPS.”
54 FLEX Il fait huit reps avec 84 kilos, puis il
passe à 93 kilos pour sept reps, abaissant la barre au niveau du menton avant de la remonter pour des reps partielles rapides. Il prend environ trois minutes de repos entre les séries, et il finit avec cinq reps à 102 kilos. “Je profite de la période hors saison pour me forger une base plus solide. J’ai tout repris à zéro, et j’ai modifié mes fourchettes de reps. Normalement, je fais entre 10 et 12 reps, mais comme je veux prendre un peu plus lourd, j’allonge les périodes de repos [entre les séries]. Ensuite, je veille à alourdir la charge, en restant raison- nable, car je ne veux pas me blesser, mais quand on fait huit reps, il ne faut pas aller trop loin. Cependant, si je prends plus lourd et que je ne fais que cinq reps, c’est bon aussi, parce que je veux atteindre cette charge de manière à ce que, quand la préparation commencera en juin, mon corps soit habitué à cette charge pour 5 à 8 reps.