BRISER LE SILENCE Bien que ses souvenirs soient encore frais en ce dernier jour de mars, Pakulski, qui parcourt les rues de Tampa, en Floride, au volant de son utilitaire sport Lexus 2009, ne pense pas à la soirée sur la scène du Veterans Memorial. Il se rend à la salle en silence. Pas de
musique. Pas de conversation. La séance éprouvante qui l’attend a déjà com- mencé. Il répète dans sa tête la bataille à laquelle il va se livrer, et passe silencieu- sement en revue chaque série. Il va suer, il va souffrir, mais Pakulski saura ce qui l’attend quand il commencera son combat avec la fonte. Ses cuisses déjà légendaires dans
l’univers du bodybuilding frôlent le volant, et son prodigieux quadriceps droit prend vie à chaque accélération et décélération. S’il ne s’était pas excusé à l’avance de son silence méditatif pré séance, ce trajet pourrait sembler sinistre. Au lieu de cela, j’en profite pour
préparer mon magnétophone et admirer le centre-ville qui défile devant nous. Nous arrivons rapidement à la salle Powerhouse. Pakulski se gare dans le parking souterrain et coupe le moteur. Nos deux portes s’ouvrent, l’air frais de l’intérieur de la voiture est aspiré par l’atmosphère étouffante de la ville, et le bruit des deux portes qui se ferment résonne dans l’environne- ment de béton. Il est 10 h 42, et la température approche des 30 degrés. Il fait chaud, mais nous sommes loin de la chaleur estivale étouffante typique de la Floride, avec un taux d’humidité donnant l’impression qu’on prend un bain de vapeur dès qu’on quitte un local climatisé. Le mois de mars a été sec et agréable dans cette ville du Golfe du Mexique,
“APRÈS UN TEL ENTRAÎNEMENT,
MES JAMBES SONT GRILLÉES PENDANT AU MOINS 48 HEURES.”
pour le plus grand plaisir des résidents et des visiteurs. (Ou tout du moins, du visiteur que je suis). Nous entrons dans la salle, et Pakulski
file au vestiaire pendant que je me présente à la réception (c’est là qu’il est pratique d’être journaliste pour FLEX), et 10 minutes plus tard, nous nous retrou- vons à la machine à leg extension. Il me demande si je suis prêt,et je me dis que pour moi, c’est du gâteau. Je n’ai pas besoin de suivre le rythme du monstre de
40 FLEX
1,78 m et de 131 kilos qui me fait face: mon travail consiste uniquement à prendre des notes pendant qu’il s’active. C’est normalement Ryan Watson, son partenaire d’entraînement, qui est chargé de le suivre, rep d’enfer après rep d’enfer, mais aujourd’hui, Pakulski s’entraîne seul. “Quand je fais une séance pour les jambes vraiment coriace, je demande toujours à un partenaire de m’aider. Si je
n’en ai pas, je fais une série géante de trois à cinq exercices à la place, et je diminue substantiellement la charge.” Aujourd’hui, il accepte de faire une exception pour les lecteurs de FLEX. Il s’installe pour faire des leg extension,
les orteils vers le haut, la goupille au milieu de la pile de contrepoids, et il commence la première série de 20 reps. Chaque rep est réalisée de manière lente et contrôlée, et on l’entend respirer, les dents serrées.