Crowdfunding, les porteurs de projet sous-estiment les aspects logistiques
Chaque jour, des centaines de porteurs de projet tentent leur chance sur des sites de finance- ment participatif pour lever des fonds, démarrer leur production et distribuer leurs produits. Si l’innovation est souvent de mise, force est de constater que ces entrepreneurs d’un nouveau genre n’anticipent guère, voire ne maîtrisent pas du tout, les aspects Supply Chain.
E
n juillet dernier, Cloud Guys Corporation levait près d’un demi-million de dollars en seulement neuf jours sur le site de finan- cement participatif Kickstarter. Objectif de cette toute jeune startup française : financer la pro- duction de son produit baptisé Lima, un petit boîtier électronique permettant d’unifier extrê- mement rapidement la mémoire d’un smart- phone, d’une tablette et d’un ordinateur, indépendamment des systèmes d’exploitation des appareils. Ainsi, alors que son but était de pré-vendre 1.000 boitiers en 60 jours à ses pre- miers « acheteurs », la société surpassait ses objectifs en quelques heures ! Et se retrouvait potentiel- lement confrontée à des problèmes Supply Chain de toutes sortes, aussi bien en amont en termes de produc- tion, qu’en aval pour la distribution. Le succès du petit boîtier Lima n’est pas une exception. Aujourd’hui, de plus en plus de sociétés conçoivent des produits innovants et obtiennent les financements pour les produire via des sites de crowdfunding comme Kick- starter ou Indiegogo, pour ne citer qu’eux. Ces sites per- mettent à des porteurs de projets, entreprises ou particuliers, de faire appel au grand public pour financer leurs travaux. Mais contrairement aux fondateurs de Cloud Guys Corporation, ces créateurs se focalisent bien souvent sur le caractère innovant et les critères tech- niques de leur produit, et ont tendance à oublier la dimension logistique du projet, pourtant capitale. Or compte-tenu du mode de financement, acquis auprès des particuliers via les réseaux sociaux, les conséquences en termes d’image et de ventes peuvent être très rapides, sans doute davantage que pour les nouveaux produits « traditionnels ». De plus, le passage d’une Supply Chain
« de projet » à une Supply Chain « industrialisée » est l’oc- casion pour ces nouveaux entrepreneurs de découvrir toute la complexité d’une production de série, qui plus est à l’échelle mondiale.
Anticiper les risques liés aux fournisseurs Le lancement d’un produit via un site de crowdfunding nécessite a minima quatre mois de préparation. L’enjeu pour les porteurs de projet est de passer de la production de quelques prototypes à celle de plusieurs milliers d’uni- tés. L’une des difficultés est ici de gérer l’incertitude. Pour obtenir des engagements de leurs fournisseurs ainsi que des prix compétitifs, les porteurs devront s’engager sur des volumes. Lesquels pourront, suivant le succès de la campagne, évoluer de façon très significative. La réflexion sur le sourcing et la définition d’une stratégie achats doivent donc se faire dès le départ. Cette réflexion facilitera souvent également la détection des risques et leur anticipation.
Thomas Moreau Directeur Pôle Supply Chain Karistem Corporate Consulting
thomas.moreau@
karistem.com
Xavier Rotger Senior consultant
Karistem Corporate Consulting
xavier.rotger@
karistem.com
Lors de la phase projet, les sociétés ont plutôt tendance à rechercher des fournisseurs locaux, ce qui limite d’une certaine façon l’impact logistique. Toutefois, ce n’est pas toujours synonyme de réussite : par exemple, suite à une belle levée de fonds sur Kickstarter, le fabricant de chaus- sons Lasso a dû faire face à d’importants retards de livraison à cause de problèmes de production. Celle-ci était pourtant située en France… A noter que de nom- breux produits proposés via les plates-formes de crowd- funding sont de nature électronique et que, pour ces articles, les fournisseurs potentiels se situent souvent dans les pays émergeants, certes avec des tarifs plus compétitifs mais des lead-time plus importants. Alors, même en prenant beaucoup de précautions, les porteurs
114 N°88 ■ SUPPLY CHAIN MAGAZINE - OCTOBRE 2014
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