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ANALYSE


AFRICAN BANKER JANVIER - FÉVRIER - MARS 2012


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dynamiques, en Égypte, Maroc et Tuni- sie, peu de titres islamiques de type « sukuk » (obligation) ont été émis et aucun n’a été échangé dans la région. À ce jour quatre « sukuk » ont été émis pour une valeur totale de 250 millions de dollars, en Égypte uniquement. Or ces produits, qu’ils soient émis par les États ou par les entreprises, sont prisés par les fonds d’investissement des pays du Golfe. De même, la mobilisation de fonds auprès des institutions financières de cette région permettrait aux pays d’Afrique du Nord de diversifier un peu plus leurs sources d’investissement étranger et de réduire leur dépendance vis-à-vis de leurs partenaires écono- miques européens, qui sont confrontés aujourd’hui à une forte crise financière. Outre les services bancaires, le « takaful » (assurance) et l’aide au développement certifiés islamiques, l’expert britannique souligne d’autres opportunités qui méri- tent d’être développées en Afrique du Nord : les organismes de placement collectif en valeurs mobilières, l’inves- tissement direct étranger, les prises de participation privées, le financement de capital-risque et la microfinance isla- miques. Ces activités peuvent contribuer au développement du secteur privé dans la région, d’autant qu’il y existe une forte demande potentielle de financement sur fonds propres de la part des petites industries et des entreprises familiales. Dans une région où le chômage frappe une grande partie de la population, le développement du secteur privé est nécessaire à la création d’emplois, talon d’Achille des économies nord-africaines.


Pour en finir avec l’exclusion bancaire


Par ailleurs, et compte tenu des


niveaux de revenu relativement faibles et du manque d’emplois sûrs et régu- liers dont souffre la majorité de la population nord-africaine, une bonne partie des citoyens ne dispose pas de compte en banque et n’a aucune garantie à proposer pour obtenir un financement bancaire. La microfi- nance islamique peut aider à créer des


coopératives d’épargne et de crédit dont les membres s’accordent mutuel- lement des créances sous formes de prêts « qard hasan », la seule forme de prêt autorisée par la charia, dans la mesure où aucun intérêt n’est perçu. Ce système permettra de « mettre un terme à l’exclusion bancaire et de promouvoir la création d’emplois par le truchement du développement des petites entreprises », note M. Wilson. Pourquoi, malgré toutes ces oppor-


tunités, la finance islamique ne s’est-elle pas développée en Afrique du Nord au rythme espéré, sachant que le premier établissement islamique créé dans la


région, Beit Ettamwil Saoudi Tounsi (BEST Bank), baptisé aujourd’hui Al Baraka Bank, a été ouvert en Tunisie en 1983, sous le régime offshore, par l’homme d’affaires saoudien Cheikh Salah Kamel ? La réponse à cette ques- tion est plutôt d’ordre politique. En fait, il a toujours existé une forte opposition des pouvoirs en place à la création de banques islamiques en raison de craintes de financements occultes des activités des groupes islamistes dans la région. Par conséquent, le renversement des régimes autocratiques en Tunisie, en Égypte et en Libye, et le renforcement des mouvements islamistes dans ces pays, ainsi qu’en Mauritanie, au Maroc et en Algérie, pourraient être considérés comme « une évolution favorable pour la finance islamique ». L’expert britannique rappelle, à


ce propos, l’engagement de Rached Ghannouchi, président du parti isla- miste Ennahdha, actuellement au pouvoir en Tunisie, à développer la finance islamique. Lors de sa réunion, le 26 octobre dernier, avec les acteurs du marché boursier tunisien, M. Ghan- nouchi a cependant tenu à assurer que son parti ne compte pas toucher au système financier classique basé sur le taux d’intérêts. Il voulait ainsi rassurer les acteurs financiers, qui craignent, à juste titre, des décisions en ce sens pouvant affecter gravement les activités du marché conventionnel.


Il a toujours existé une forte opposition des pouvoirs en place à la création de banques islamiques en raison de craintes de financements occultes des activités des groupes islamistes dans la région.


Éviter le mélange des formes


Cependant, et malgré cette volonté


politique affichée par les nouveaux dirigeants, il y a loin de la coupe aux lèvres, comme l’expliquera Ahmed El Karam, directeur général d’Amen Bank. Car s’il n’est plus permis aujourd’hui d’interdire une activité bancaire telle que la finance islamique, très prisée par certains clients pour des raisons religieuses ou autres, on ne peut pas dire que la situation actuelle, notamment en Tunisie, soit propice au développement de cette activité assez spécifique, notamment en raison


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