DOSSIER RD CONGO
AFRICAN BANKER JANVIER - FÉVRIER - MARS 2012
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dollars. La relance de l’activité économique a été marquée, dans l’ensemble, par la bonne tenue du secteur financier. Selon Michel Losembe, « la croissance du secteur bancaire a surperformé la croissance du PIB par un facteur de 3 à 4 durant les cinq dernières années : une raison de se réjouir ! ». Ces chiffres illustrent un mouvement de fond :
aujourd’hui, 19 banques opèrent sur le territoire congolais, alors qu’elles étaient seulement six en 2005. Durant les trois dernières années, la plupart des nouveaux entrants étaient des banques étrangères, parmi lesquels des géants régio- naux comme Ecobank, Afriland First Bank (Cameroun) ou BGFI (Gabon). En parallèle, le nombre de comptes en banques a fortement augmenté, passant de 30 000 en 2005 à 600 000 en 2010, et à plus d’un million si l’on comptabilise les coopératives. Malgré cette progression impressionnante, cela représente, au mieux, à peine 2 % de la population.
Stratégies bancaires Si l’on considère que seulement 11 %, en moyenne, des
habitants d’Afrique subsaharienne possèdent un compte en banque, la population congolaise représente un réservoir sans commune mesure pour les établissements financiers. Il n’est donc guère étonnant que plusieurs banques, notamment ouest-africaines, se soient implantées en RDC dans l’espoir de capter cette clientèle – qu’elle soit d’entreprise ou issue des classes moyennes – et de diversifier leurs sources de revenus. Reste à savoir en quoi consiste leur stratégie. Sont-elles venues planter un drapeau supplémentaire en Afrique, ou s’attaquer aux immenses ressources de « bancarisables » en zone rurale ? Cela change entièrement la donne. Entre ouvrir quelques agences dans les grandes villes et tisser un réseau suffisamment dense dans les provinces, il ne s’agit pas du même engagement. Les banques peuvent être classées en deux catégories :
les « anciennes » et les « nouvelles ». La BCDC (Banque commerciale du Congo), filiale de BNP-Paribas fondée en 1909, Citigroup ou la BIAC (ex-Banque internationale pour l’Afrique de l’Ouest) appartiennent à la première caté- gorie. La Rawbank (congolaise), Trust and Merchant Bank et les banques panafricaines telles Ecobank, BGFI (Gabon), UBA (Nigeria) et Standard Bank (Afrique du Sud) appartien- nent à la seconde, un groupe très hétéroclite. Ainsi que le prouve notre classement et les
données chiffrées que nous avons recueillies auprès des établissements installés en RDC, le clivage ne se situe pas seulement à ce niveau-là. On observe que plusieurs banques essuient des pertes conséquentes qui correspondent en partie aux coûts liés à leur développement. Peut-être que cet indicateur est lié à un autre : le ratio crédit sur dépôts. Ce dernier prouve que certaines banques sont dans une logique de conquête de parts de marché, probablement en pratiquant une forme de dumping très coûteux et risqué à terme.
Des conditions complexes Le cadre juridique devrait être la priorité des législateurs.
Comme l’explique Michel Losembe, président de l’Associa- tion congolaise des banques, « nous avons besoin de nous défendre face aux abus judiciaires : harcèlement fiscal et judiciaire, réglementation inadaptée. Dans un premier temps, il s’agit de défendre nos intérêts vitaux. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais l’amélioration est perceptible. Nos relations avec la Banque centrale et le ministère des Finances sont d’ailleurs excellentes ». Dans le processus d’assainissement en cours, figure
la hausse du capital minimum requis par la BCC pour la création d’une banque, dorénavant fixé à 10 millions de dollars (contre 5 millions de dollars jusqu’à lors). Toute- fois, les barrières à l’entrée du marché bancaire congolais restent parmi les plus faibles d’Afrique. Mais, comme l’explique Olivier Meisenberg, dirigeant de la Trust and Merchant Bank, « cela peut s’avérer dangereux, car c’est dans les villes que nous réalisons l’essentiel de nos profits, qui nous permettent ensuite de financer notre expansion en province. Les nouveaux arrivants étouffent le marché urbain en cassant les prix quitte à se refinancer auprès de leur maison mère. Des barrières plus élevées à l’entrée, ou des mesures incitatives pour investir en province, permettraient de limiter cette saturation ». Les banques désireuses de s’attaquer au vaste potentiel
des zones rurales se trouvent aussi confrontées à des obstacles logistiques. L’alimentation en électricité est presque partout défaillante et il faut s’équiper d’installations électriques lourdes ou coûteuses (groupes électrogènes ou panneaux solaires). Olivier Meisenberg, PDG de la Trust Merchant Bank, explique qu’il dépense un million de dollars par an pour faire tourner ses groupes électrogènes : « En plus, nous
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