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DOSSIER RD CONGO


AFRICAN BANKER JANVIER - FÉVRIER - MARS 2012


29 L’adoption de tout un cadre normatif,


Ces constats nous amènent naturellement à la question du climat des affaires : qu’en est-il aujourd’hui ? Vaste chantier ! Les réformes ont


commencé à s’enclencher en 2004 – 2005. Depuis quelques années, les experts du FMI infusent une vision libérale de l’activité économique dans les instances politiques. Ils ont aidé à mettre sur pied une Banque centrale qui comprend son environnement macroéconomique et s’avère capable de gérer l’existant. La coopération financière internationale a permis de commencer à changer les vieux réflexes, mais le grand coup d’accélérateur n’est vraiment intervenu qu’avec la crise financière de 2008. C’est alors que la BCC a mis en place les règles prudentielles adoptées dans le reste du monde, un signal d’alarme qui a incité le secteur à se mettre aux normes. Les exigences étaient parfois disproportionnées par rapport à l’état d’avancement du secteur bancaire, mais c’était globalement positif. Aujourd’hui, la continuité des réformes


est absolument nécessaire. Les différents dispositifs législatifs et fiscaux sont les déterminants de l’amélioration du climat des affaires et de l’essor de l’investissement privé. Si le climat des affaires ne s’améliore pas, nous pourrons tourner en rond encore quelques années ! Il s’agit avant tout de simplifier les démarches et la fiscalité, d’arrêter toute forme de harcèlement de la part des administrations de l’État et, par-dessus tout, de combattre la corruption, de loin notre plus gros problème : que faire quand il faut attendre plus d’un an pour obtenir une quelconque autorisation au motif que l’on refuse de graisser la patte de tel ou tel fonctionnaire bien placé ?


Le secteur bancaire congolais est-il à niveau ? Le développement a été extrêmement


rapide ces dernières années et, inévita- blement, certaines banques ne sont pas au niveau. N’oublions pas que le total de fonds propres des banques est passé de 30 à 350 millions de dollars en dix ans, accompagnant une multiplication par quatre du nombre d’établissements. Les barrières à l’entrée sont parmi les plus faibles d’Afrique puisqu’il ne faut actuellement qu’une mise de fonds de 10 millions de dollars pour monter une banque en RDC.


le processus d’adhésion à Ohada, l’adoption des normes IFRS dans notre comptabilité (obligatoires à partir de la publication des résultats de 2012) sont autant de contraintes pour les membres de notre association à court terme. Cependant, il est vital de s’adapter aux normes internationales car la RDC n’est pas coupée du monde malgré son relatif isolement qui la protège aussi des grands retournements mondiaux. La dollarisation de l’économie oblige les banques à se refinancer à l’étranger où elles sont soumises à des normes plus contraignantes. C’est aussi un objectif de notre associa-


tion que de permettre d’échanger quelques bonnes pratiques : je ne voudrais pas sembler naïf, mais je crois profondément que les mauvais peuvent apprendre auprès des bons. Les banques qui tenteront d’échapper à ces règles sont condamnées d’avance car le marché doit pouvoir s’auto-corriger, comme le prouve en quelque sorte l’histoire de la Banque congolaise.


Quels combats voulez-vous mener à la tête de l’association ? Notre objectif principal reste l’établisse-


ment définitif d’une concurrence juste. Dans un pays aussi grand que le Congo, le seul moyen d’assurer le développement consiste à limiter l’interventionnisme des pouvoirs publics et à libérer l’initiative de tous les citoyens. L’État garde certainement un rôle à jouer dans le financement des projets d’infrastructures. Mais l’explosion du secteur bancaire, qui a réalisé des performances trois à quatre fois supérieures au reste de l’économie au cours des cinq dernières années, prouve bien que la concurrence est le meilleur des stimulants. Cela concerne le secteur de la grande distribution aussi bien que les mines ou les entreprises de services. Il n’y a aucun besoin d’intervention publique dans l’économie, si ce n’est pour assainir


le climat des affaires et équiper le pays en infrastructures. Mais il y a tellement à faire dans ce pays


qu’on ne sait jamais bien par où le prendre : tout est prioritaire ! Il n’y a pas de mesures spécifiques au secteur bancaire : il faut commencer par réformer le secteur privé dans son ensemble. Cependant, il manque par exemple un texte de loi qui permettrait aux assurances de se déployer. C’est à nous de trouver des solutions : le marché congolais est tellement atypique qu’il est très délicat d’y reproduire des schémas ayant fait leurs preuves ailleurs. Il s’agit d’abord de la dolla- risation de l’économie : nous faisons partie des six derniers pays au monde à dépendre à ce point du dollar. Ensuite, le taux d’intermé- diation bancaire est parmi les plus faibles au monde, une caractéristique qui nous oblige à manipuler d’importants montants en espèces. Ainsi, il nous faut développer nos propres critères d’identification pour distinguer les « espèces propres » des « espèces sales ». C’est dans ce genre de combats que l’ACB essaie d’apporter de la valeur ajoutée : nous ne sommes pas des économistes, mais des praticiens de l’économie : nous essayons de répondre à des défis pratiques et quotidiens.


Quel conseil donneriez-vous à une banque qui chercherait à s’implanter dans le pays ? Il faut à tout prix éviter de bâcler les


Dans un pays aussi grand que le Congo, le seul moyen d’assurer le développement consiste à libérer l’initiative de tous les citoyens.


diligences complètes, et il faut s’attendre à être surpris une fois sur place. Ce n’est pas parce que la RDC reste l’un des pays les plus désintermédiarisés au monde, que le taux de financement par rapport au PIB y est extrêmement faible, que la population est très faiblement bancarisée et les barrières à l’entrée très faibles, qu’il faut s’imaginer que l’implantation sera facile. Beaucoup s’y sont cassé les dents par excès de confiance, suite à une analyse erronée du marché. Étant donnée la méfiance du public par rapport aux banques et la puissance du secteur informel, acquérir des clients reste très difficile. Les Congolais ont peur d’intégrer le secteur formel car ils redoutent d’être victimes de spoliations alors qu’ils commencent à sortir la tête de l’eau. Enfin, il faut garder à l’esprit que le peuple congolais reste parmi les plus pauvres du monde, avec un PIB par habitant d’à peine plus de 150 dollars par an. n


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