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AFRICAN BANKER JANVIER - FÉVRIER - MARS 2012
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de comparaison. Mais tant que l’envoi via les établissements bancaires restera compliqué et coûteux, le quasi-mono- pole de Western Union et de MoneyGram subsistera en Afrique, l’arrivée de concurrents étant rendue difficile par la suprématie des banques, malgré la sous-bancarisation du continent africain, et par la loi Parmec (Projet d’appui à la réglementation des mutuelles d’épargne et de crédit) sur les institutions mutualistes ou coopératives d’épargne et de crédit dans les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, chargée de « restreindre l’offre des services de transferts internationaux aux banques agréées et aux administrations des postes. »
Développer d’autres circuits Pour contourner ces freins au développement de
la difficulté actuelle de maîtriser les coûts sur le marché des envois de fonds tient à la prédominance de Western Union et MoneyGram. Ces deux STA historiques détiennent conjoin- tement 65 % du marché africain (40 % pour Western Union et 25 % pour MoneyGram), voire, dans certains corridors, 100 %, d’après les chiffres du Fonds international de développement agricole (FIDA). « Western Union a un gros avantage sur son produit, explique Moncef Kaouach, administrateur-délégué de la Compagnie financière de la Méditerranée. En plus de la sécurité, cette société propose une immédiateté dans la mise à disponibilité des fonds, là où les autres organismes imposent un délai de 48 heures. » En effet, un établissement classique passera par des étapes de clearing, imposant des délais de courrier là où les deux STA peuvent parer à toute urgence grâce à leur système de compensation. Dans ce cas, que peut changer Send Money Africa ? Pour les utilisateurs réguliers et aguerris, il peut être un outil utile
Tant que l’envoi via les établissements bancaires restera compliqué et coûteux, le quasi-monopole de Western Union et de MoneyGram subsistera en Afrique.
nouvelles sociétés de transferts de fonds, de nouveaux systèmes, hors du circuit des STA, commencent à voir le jour en Afrique. Le fort taux de pénétration du téléphone mobile sur le continent laisse entrevoir de nouvelles perspec- tives en matière de transferts nationaux. Mais le problème majeur concernant les envois internationaux (aussi bien pour les corridors Sud-Sud que Nord-Sud), réside dans l’implantation de banques et de sociétés de transfert de fonds. Car la sous-bancarisation en Afrique pose un véri- table problème de développement, là où Western Union et MoneyGram ont réussi à créer des partenariats avec des établissements locaux, comme les buralistes (2 500 buralistes dans le monde pour MoneyGram, en 2010). L’avance de ces deux STA est donc considérable et leur permet de fixer leurs propres tarifs de taxation. Si Send Money Africa peut donc s’avérer être un outil
utile pour le consommateur régulier, il risque bien d’être un simple coup d’épée dans l’océan du marché des envois de fonds, tant, d’après la Banque mondiale, le travailleur émigré privilégie la rapidité et la fiabilité de la transaction plutôt que son coût. L’espoir de voir un jour les tarifs des envois de fonds
baisser réside peut-être dans l’organisme à l’origine de la création de Send Money Africa : l’AIR, un projet, doté d’une enveloppe de 1,7 million d’euros, initiative de la Banque mondiale, de la Commission européenne, de la Banque africaine de développement (BAD) et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Inauguré en juin 2010, l’AIR « a pour but de renforcer les capacités de tous les acteurs (gouvernements africains, banques, expé- diteurs et destinataires des transferts) pour les envois de fonds ». Son objectif est de « mettre en œuvre des stratégies concrètes et des instruments opérationnels qui transforment les envois de fonds des migrants en outils de développe- ment pour réduire la pauvreté. » Concentrant son action sur le développement de plateformes technologiques relatives aux systèmes de règlement des envois de fonds des migrants, et sur la création de partenariats banques centrales africaines-prestataires de services d’envoi de fonds-agences non-bancaires, l’AIR espère faire baisser les taux à l’horizon de 2012. Mais il faudra bien plus que Send Money Africa pour y parvenir. n
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