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AFRICAN BANKER JANVIER - FÉVRIER - MARS 2012 DOSSIER RD CONGO
devons en avoir un en renfort, pour assurer une alimentation presque 24h/24. Nous cherchons des solutions alternatives, mais c’est un problème majeur ». Deux autres facteurs illustrent les caractéristiques
atypiques du marché congolais : la dollarisation extrême de l’économie, qui va de pair avec l’extrême faiblesse de l’intermédiation bancaire. En effet, 80 % des transactions sont réalisées en dollars et 90 % des dépôts en devises. Les banques sont donc obligées de se refinancer à l’étranger. Dans une certaine mesure, cela est positif car elles sont soumises à une réglementation de plus en plus exigeante. En revanche, le faible taux d’intermédiation signifie que les opérations effectuées par les banques impliquent très souvent d’importantes sommes en liquide.
Les solutions mobiles Comme dans d’autres pays d’Afrique, le dévelop-
pement de la banque mobile a fait l’objet d’une lutte serrée entre opérateurs téléphoniques et banquiers. Les législateurs ont finalement tranché début novembre. La BCC supervise les activités de monnaie électronique des différents établissements. Elle exige que les établissements disposent d’un capital social minimum de 2,5 millions de dollars, limite la taille maximale du porte monnaie à 3.000 dollars et les échanges quotidiens à 500 dollars (2.500 par mois maximum). Surtout, ce cadre autorise opérateurs et banques à proposer leurs propres systèmes en concurrence : les jeux sont ouverts. Dans un pays aussi mal équipé en infrastructures que
la RDC, avec autant de téléphones portables en circulation, la banque mobile apparaît comme une solution évidente non seulement pour attirer le plus grand nombre possible de clients, mais aussi pour permettre des échanges entre des zones réellement inatteignables. Pourtant, il ne faut pas que le développement de ce moyen de paiement ait
lieu au détriment des agences physiques. Comme l’ex- plique Olivier Meisenberg, « depuis que nous nous sommes installés à Kindu, nous sommes la seule banque présente dans toute la région du Maniema (2 millions d’habitants). Notre agence permet aux Congolais de cette zone de réaliser des opérations bancaires simples, mais impossibles avec un téléphone. Si l’on veut que la banque apporte réellement des bienfaits aux populations, on ne peut faire l’économie d’un déploiement d’agences sur l’ensemble du territoire. La banque mobile est un outil formidable mais ne peut en aucun cas remplacer les services rendus par une agence physique ».
Diversifier et réformer Quoi qu’il arrive, l’économie congolaise doit se diver-
sifier pour mieux résister aux aléas de l’économie globa- lisée. Son principal champ d’action devrait concerner le développement de la consommation intérieure, mieux à même de tirer une croissance équilibrée. Le rythme des réformes laisse craindre que le gouvernement réélu ne soit pas capable de mener à bien une politique ambitieuse, puisqu’il semble plus à l’aise en concluant les accords derrière des portes soigneusement closes. Beaucoup d’espoirs reposent sur le nouveau partenaire chinois, dont les intentions ne sont pas encore complètement élucidées. Son poids sur les décisions politiques nationales laisse pourtant augurer que son influence est susceptible de devenir un obstacle à l’expression de la souveraineté congolaise. La réélection de Joseph Kabila ne devrait pas modifier l’opacité des contrats qui ont si peu intéressé les débats lors des confrontations électorales. De fortes contraintes demeurent pour le secteur bancaire congo- lais : le cadre réglementaire et l’environnement juridique, ainsi qu’un système fiscal inadapté constituent des freins à son expansion. n
QUE S’EST-IL PASSÉ À LA BANQUE CONGOLAISE ? Au cours de sa longue histoire, la
Banque congolaise a connu divers noms et différentes périodes. Depuis avril dernier, le banquier libanais Roger Yaghi, président du conseil d’administration, a d’abord été placé en résidence surveillée sans motif officiel, avant d’être poursuivi par le ministère public pour huit chefs d’accusations, dont faux et usage de faux, faux en écriture, blanchiment de capitaux, etc. Le procès se déroule actuellement à Kinshasa, mais le verdict est repoussé de semaine en semaine, l’accusation ne parvenant pas à prouver ses assertions.
Ce scandale politico-financier illustre le contexte parfois opaque dans lequel
se déroulent les affaires en RDC. Le cas est évidemment complexe, mais il semble que les torts soient partagés. En tant qu’actionnaire à 10 %, l’État avait une influence sur les affaires de la banque. Cette dernière menait depuis plusieurs années des activités hautement spéculatives, notamment en rachetant de la dette d’État congolaise à 30 % de sa valeur pour la revendre à 70 %. De son côté, l’État n’aurait pas respecté ses engagements, précipitant ainsi la chute de l’établissement affaibli par ses propres erreurs de gestion. Cependant, la taille relativement modeste de l’établissement (quelque 10 000 comptes) explique que
sa liquidation n’ait pas entraîné de crise systémique. Le rapport de la population et du milieu des affaires au secteur financier s’est grandement amélioré durant les dernières années. La chute de la Banque congolaise est presque bon signe : elle prouve que les mauvaises pratiques condamnent la survie de ceux qui les mettent en œuvre. De plus, comme l’explique Michel Losembe, « les entreprises ont appris à se méfier des mauvaises banques. L’affaire de la Banque congolaise n’a pas entamé la confiance dans le secteur. Aujourd’hui, la réputation, l’éthique et la crédibilité, sont des critères très observés ».
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