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INVESTIR AFRICAN BANKER JANVIER - FÉVRIER - MARS 2012


ENVOIS DE FONDS DES MIGRANTS


DIMINUER LES TARIFS


L’Union africaine veut faire baisser les tarifs d’envois de fonds, estimant que l’argent ainsi économisé servira au développement local. Mais de nombreux obstacles gênent cette entreprise, notamment le duopole exercé par les deux sociétés historiques de transfert d’argent. Par Frédéric Geldhof


L


’Union africaine, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement font aujourd’hui un même constat qui les amène à devoir repenser le système des envois de fonds : 30 millions d’Afri- cains vivent hors du continent et envoient chaque année 40 milliards de dollars à 120 millions de bénéficiaires. Sur cette somme, 25,5 milliards concernent la seule Afrique subsaharienne. Un chiffre vertigineux qui représente 2,6 % du PIB africain, mais qui pourrait être bien supérieur si ces envois n’étaient pas confrontés à deux obstacles majeurs : l’existence de services informels (les fonds sont souvent rapatriés par des amis, la famille, la communauté) et le montant des taxes, souvent élevé, prélevé par les sociétés de transfert d’argent (STA). Ces taxes dépassent largement 12 % des sommes déposées pour les envois en Afrique, atteignant jusqu’à 20 %, alors que la moyenne mondiale avoisine les 9 % selon les données de la Banque mondiale. Cette dernière estime qu’une « réduction des frais d’envois de l’ordre de cinq points de pourcentage par rapport au montant total devrait se traduire par un gain de 16 milliards de dollars supplémentaires par an pour les destinataires dans les pays en voie de développement. » Un gain inestimable car, comme le souligne le Recueil


de statistiques 2011 sur les migrations et les envois de fonds, réalisé par la Banque mondiale, « ces flux ont démontré plus de résilience que les flux de dette privée et d’investis- sements en portefeuille ainsi que ceux des investissements directs étrangers », notamment parce que ces envois sont réguliers et continus. De plus, ces envois de fonds sont la


principale source de capitaux extérieurs, juste derrière les investissements directs étrangers, dépassant même l’aide au développement. Il est donc tout à fait légitime, venant de la Banque mondiale, de vouloir baisser les taxations des établissements pour profiter de cette manne au travers des bénéficiaires africains. Pour tenter de lisser ces taux et de les aligner sur les


chiffres mondiaux, le Projet institut africain pour les envois de fonds des migrants (AIR) a créé le service Send Money Africa (http://sendmoneyafrica.banquemondiale.org), qui « fournit des données sur le coût de l’envoi et de la réception de montants relativement faibles (équivalant à 200 ou 500 dollars) en provenance de 15 grands pays expéditeurs dans le monde et en Afrique à destination de 27 pays afri- cains. » Le premier objectif de ce service consiste à « lutter contre les services informels » pour pouvoir maîtriser les chiffres des envois de fonds. Même si, concède l’OCDE, peu d’informations sur le blanchiment d’argent en Afrique sont disponibles, les autorités locales préféreraient que les fonds envoyés en Afrique le soient majoritairement par les services « officiels ».


Susciter la concurrence D’après Richard Cambridge, chef du Programme Dias-


pora africaine à la Banque mondiale, « Send Money Africa stimulera la concurrence entre les prestataires de services et entraînera une réduction des coûts. Les expéditeurs et desti- nataires d’envois de fonds pourront ainsi bénéficier de services de transfert transparents, efficients et moins coûteux ». Car


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