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ANALYSE AFRICAN BANKER JANVIER - FÉVRIER - MARS 2012
AFRIQUE DU NORD
QUEL AVENIR POUR LA FINANCE ISLAMIQUE ?
La finance islamique existe depuis une quarantaine d’années, notamment en Iran et dans les pays du Golfe. Il a cependant fallu attendre la crise financière de 2008, conséquence des pratiques immorales de la finance conventionnelle basée sur la spéculation et l’âpreté au gain rapide, pour que le monde redécouvre les vertus de la finance islamique. Par Ridha Kéfi, à Tunis
L
ors d’une rencontre organisée par la Banque africaine de dévelop- pement (BAD), à la mi-décembre à Tunis, à l’occasion de la publi-
cation du rapport intitulé Service bancaire et finance islamiques en Afrique du Nord : Évolution et perspec- tives d’avenir, réalisé par Rodney Wilson qui dirige le programme de finance islamique à l’université de Durham, en Grande-Bretagne, l’expert rappelait en effet qu’elle est « basée sur l’éthique et le traitement équitable des risques et des bénéfices ». Le partage des risques, qui ne
sont plus supportés uniquement par le client, comme cela est le cas dans le système bancaire conventionnel, justifie les rendements que la banque islamique peut atteindre de ses acti- vités, explique Rodney Wilson, étant entendu que tous les services dispensés par le système financier islamique sont garantis conformes à la charia (la loi islamique), laquelle interdit le recours aux taux d’intérêts. Autre caractéristique de ce système
financier soulignée par l’expert britan- nique, et qui souligne sa dimension morale distinctive : la transparence.
Dans les services conformes à la charia, les contrats sont simples et transpa- rents et ne recèlent pas d’ambiguïtés pouvant constituer des pièges pour les clients, comme ce fut le cas, par exemple, lors de la crise des subprimes aux États-Unis, en 2007, qui a déclen- ché la crise financière internationale. Faut-il s’étonner, dès lors, que ce
système, jadis considéré comme une curiosité, soit vu désormais comme une opportunité par de nombreux banquiers occidentaux. Le fait que de plus en plus de gens en Occident soient mécontents ou sceptiques quant aux services financiers qui leur sont fournis, et les considèrent comme abusifs, voire même comme contraires à l’éthique, pousse les banquiers à explorer et à développer cette activité, qui n’est plus ainsi confinée dans une sorte de « ghetto financier ».
Des actifs en hausse annuelle de plus de 10 %
Signe de l’émergence de la finance
islamique, « les montants totaux des actifs conformes à la charia sont impressionnants, dépassant le trillion de dollars et augmentent à un rythme
annuel de plus de 10 %, même pendant la crise de 2008 », souligne M. Wilson. Cependant « ces chiffres laissent
apparaître d’importantes faiblesses et des défis d’envergure, notamment la dépendance excessive des services bancaires et de la finance islamique vis- à-vis d’un nombre limité de marchés, ainsi que le caractère relativement sous développé de ceux-ci sur les marchés des pays musulmans plus peuplés », notamment ceux de l’Afrique du Nord, objet du présent rapport, en l’occur- rence l’Égypte, la Libye, la Tunisie, l’Algérie, le Maroc et la Mauritanie. Dans ces pays, les établissements
bancaires islamiques ne représentent en effet encore qu’une infime partie du volume total du dépôt et de l’ac- tif bancaires, alors qu’il y existe un besoin considérable de ressources pour le financement de projets d’in- frastructures. L’auteur dénombre, à ce jour, 24 opérations de financement islamique de projets approuvés dans la région, pour un montant total de plus de 2,4 milliards de dollars, très faible eu égard aux besoins de ces pays. Par ailleurs, et malgré l’existence de marchés financiers relativement
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