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DOSSIER RD CONGO


AFRICAN BANKER JANVIER - FÉVRIER - MARS 2012


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les nombreuses questions qui subsistent et le bilan tout à fait mitigé de l’administration Kabila. La campagne a été plus marquée par les petites phrases et les coups bas que par la qualité des arguments de chaque camp. La réélection de Joseph Kabila s’est faite sans qu’il ait eu besoin d’apporter des éclaircissements, notamment sur un point clef de son premier bilan : les accords mines contre infrastructure signés avec la Chine et tant décriés par diverses ONG réputées.


Après le chaos, la reprise ? En 2010, la RDC est parvenue à maîtriser les principaux


indicateurs de son économie : pour la première fois en quarante ans (à l’exclusion de 2004), l’infl ation est passée sous la barre des 10 %, de manière durable si l’on en croit les déclarations du FMI. Toujours selon l’organisme interna- tional, la croissance aurait dépassé les 7 %, une performance jamais atteinte depuis les années soixante-dix. Ce résultat honorable pour un pays émergent a été principalement impulsé par la production minière, soutenue par le redres- sement des cours des matières premières qui a eu un eff et d’entraînement sur le secteur tertiaire et la réhabilitation des infrastructures. Les principaux secteurs concernés sont les mines (+11,8 %), le bâtiment et les travaux publics (+10,1 %), ainsi que le commerce de gros et de détail (+6,3 %).


L’eldorado de l’Afrique La position stratégique de la RDC au cœur de l’Afrique


lui donne un accès privilégié à 220 millions de consomma- teurs, répartis dans les neufs pays avec qui elle partage une frontière. De plus, ce géant de 2 345 000 km2


pour 70 millions


d’habitants appartient à plusieurs zones économiques sous-régionales telles la SADC, la Comesa et la CEEAC qui lui confèrent une place de choix au centre de plusieurs zones de libre-échange. Ce n’est plus un secret : le sous- sol du Congo est depuis longtemps qualifi é « d’anomalie géologique » en raison de son extraordinaire abondance en minerais ; aussi bien à usage industriel (cuivre, fer, bauxite, étain) que destinés aux industries de pointe (coltan, cobalt, diamant, uranium). Mais le potentiel du pays ne se limite pas à son sous-sol : la RDC est l’une des dernières zones que l’agriculture n’a pas exploitées et permettrait, si elle était mise en valeur, de nourrir un milliard d’êtres humains, soit la production combinée du Brésil et de l’Argentine. Dans un contexte de doublement de la population africaine d’ici quarante ans, ce n’est pas négligeable. La RDC jouit également de l’une des plus grandes réserves


d’eau douce au monde avec un bassin hydrographique de plus de 3,5 millions km2


. Le système fl uvial permettrait non


seulement d’irriguer les cultures, mais aussi de produire de l’électricité : le potentiel énergétique de la RDC, sur la seule base de ses ressources hydroélectriques, est estimé à 100 GW, soit une centaine de réacteurs nucléaires de puis- sance moyenne, de quoi alimenter tout le continent. Enfi n, à elle seule, la RDC représente plus de 45 % de l’ensemble de la forêt tropicale africaine dont on évalue le potentiel d’exploitation à 6 millions m3


de bois en grumes. Un grand chantier à très haute valeur symbolique et


productive, le barrage d’Inga, devrait bientôt commencer dans la province du Bas-Congo. Les bailleurs de fonds et le gouvernement se seraient enfi n entendus pour la construction d’Inga. Le mastodonte minier BHPBilliton envisage d’inves- tir 6 milliards de dollars dans une usine d’aluminium qui consommera près de la moitié de la production d’Inga III, soit 1,6 MW. Le surplus d’énergie fourni pourrait être écoulé en partie vers Kinshasa ; le reste permettrait de soutenir la croissance des entreprises minières du Katanga à l’horizon 2020. Des sources proches du ministère de l’Énergie évoquent un début de construction en 2014. Ce potentiel n’a pas échappé à certains pays émergents. Il s’agit bien entendu, en premier lieu, d’entreprises chinoises. En 2007, elles ont conclu avec le gouvernement congolais le plus important contrat jamais signé entre un pays africain et la Chine, pour un montant de 6 milliards de dollars. De leur côté, l’Inde, la Corée du Sud et le Brésil ont engagé des partenariats dans des secteurs aussi variés que l’extraction minière, la construction, l’information et la communication, l’agriculture, le transfert de technologie et le développement social.


Retour de la mine L’exploitation minière a un double eff et d’entraînement


sur l’économie. En amont, elle suscite la construction d’in- frastructures (routes, chemins de fer, ports) et la mise en place de services à valeur ajoutée comme les télécoms. En aval, l’apport de liquidités a des conséquences immédiates sur le secteur bancaire : les investissements directs de l’étranger (IDE) transitent par les banques, de même que les recettes d’exportations et les royalties perçues par l’État. La combinaison de ces deux facteurs entraîne une normalisation progressive du fonctionnement de l’économie en réactivant les interac- tions entre les diff érents secteurs. Dans l’ensemble, l’activité minière s’est accrue de 56 % par rapport à 2009. Hormis le zinc, le diamant, l’or et le pétrole dont les productions ont baissé, celles des autres principaux produits ont enregistré des augmentations de plus de 60 % pour le cuivre et de plus de 70 % pour le cobalt. En outre, une soixantaine de contrats miniers a été revisitée pour plus de transparence. Le grand défi à court terme pour l’État congolais consiste à assurer un développement harmonieux du secteur minier en lui fournissant l’énergie électrique pour le traitement des minerais, et les infrastructures routières et ferroviaires pour le transport des produits traités. Le patron de la Gécamines Albert Yuma Mulimbi,


également patron de la Fédération des entreprises du Congo, affi rme que l’ancien géant minier redeviendra bénéfi ciaire dès 2015 grâce à la certifi cation et à l’extraction de 4 millions de tonnes de cuivre. Selon le dernier business plan, les usines devraient produire 100 000 tonnes par an dès 2016.


Un cadre de plus en plus favorable Malgré quelques réformes, le climat des aff aires en


RDC reste exécrable. Le pays stagne en queue du clas- sement Doing Business, publié par la Banque mondiale, depuis qu’il existe. Comme l’explique Michel Losembe, patron de l’Association congolaise des banques, il ne faut


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