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Sur la scène canadienne DAVID DESCÔTEAUX


Réformer l’agriculture


également payer plus cher le poulet, le fromage et les œufs. Ce sont 2,6 milliards de dollars ou 276 dollars par famille que les Canadiens versent de plus chaque année, selon le groupe de réflexion qui a publié l’étude. Cette hausse des prix touche des produits de base et affecte


davantage les pauvres. Quand il devient moins coûteux de poser une bouteille de deux litres de Coca-Cola sur la table, ne nous étonnons pas que la consommation de lait par habitant diminue d’année en année au Canada, d’après des statistiques.


Comment s’en sortir? En accordant un répit aux consommateurs, le démantèlement du système de la gestion de l’offre serait aussi bénéfique pour les agriculteurs, mentionnait M. Mulroney, selon The Globe and Mail. En éliminant la concurrence et en imposant des barrières aux produits étrangers, la gestion de l’offre freine l’innovation dans ce secteur d’activité et empêche les agriculteurs de saisir des occasions d’affaires et d’exportations vers d’autres marchés. Le fait d’éliminer graduellement la gestion de l’offre compor-


L


ORS DE LA CONFÉRENCE du monde agricole GrowCanada tenue à Ottawa en décembre dernier, l’ancien premier ministre Brian Mulroney a déclaré qu’il fallait en finir avec


la gestion de l’offre, ce système qui contrôle la production et les prix des œufs, de la volaille et du lait. Cette suppression permet- trait de stimuler les exportations agricoles, a-t-il ajouté. Critiquer publiquement ce système constitue une véritable hérésie. En fait, M. Mulroney disait tout haut ce que bien des politiciens pensent tout bas, mais n’osent pas exprimer, de crainte de se mettre à dos le puissant lobby agricole. La gestion de l’offre, un ensemble de quotas et de tarifs qui contrôlent les importations, la production et les prix, réduit artificiellement l’offre d’aliments. Les producteurs, qui doivent se procurer d’onéreux quotas de production, peuvent ainsi, avec la complicité de nos politiciens, fixer les prix à un niveau anor- malement élevé. Un producteur étranger souhaite vous vendre du lait à meilleur prix? Je lui souhaite bonne chance! Le gouver- nement applique des taxes qui se situent entre 200 % et 300 % aux produits laitiers qui entrent au pays. En raison de ce système de gestion de l’offre, le prix du lait au


Canada augmente depuis plusieurs années, et ce, beaucoup plus vite que le taux d’inflation. Nous payons le litre de lait plus de 40 % plus cher qu’aux États-Unis ou qu’en Australie, selon une étude du Conference Board. Les consommateurs doivent


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terait bien sûr son lot de difficultés. Les producteurs doivent acheter des quotas de production très coûteux, qui peuvent se chiffrer à 25 000 $ par vache dans le cas d’un producteur de lait, et la plupart s’endettent lourdement pour couvrir leurs frais. Il faudrait donc dédommager les agriculteurs. Quelle serait la facture pour les contribuables canadiens? Le rachat des quotas de productions laitières à lui seul coûterait de 3,6 à 4,7 G$, selon le Conference Board. Une solution envisageable. Au début des années 2000, l’Australie a entrepris une telle


réforme. Pendant plus de huit ans, le pays a imposé une taxe sur la vente de lait pour financer le rachat des permis de production et indemniser les agriculteurs. Malgré cette taxe, les prix ont diminué. L’Australie et le Canada sont deux pays très différents, mais nous pouvons quand même nous inspirer de cet exemple. Néanmoins, l’obstacle le plus important est lié à la volonté


politique. Pour un candidat à une élection ou un député, évoquer une telle réforme est carrément suicidaire. Aucun homme politique ne veut s’attirer les foudres du lobby agricole, d’autant plus que les agriculteurs forment un bloc important d’électeurs dans plusieurs comtés du pays. Comment les convaincre qu’une telle réforme serait une voie d’avenir, tant pour l’ensemble des Canadiens que pour eux? Tout un défi!


DAVID DESCÔTEAUX est chroniqueur économique dans la région de Montréal.


John-Patrick Thomas


Photo : Yanick Dery


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