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La fabrication est à l'origine de la richesse et de la puissance de l'Angleterre, de l'Allemagne, des États-Unis, du Japon, de la Corée et de la Chine.


24,3 % en 1970 à 12,8 % en 2010. Constat identique, sur la même période, pour le Japon (de 35 % à 20 %), pour l’Alle- magne, principale locomotive occidentale de la fabrication (de 33 % à 18 %), et même à l’échelle mondiale (de 23 % à 16 %). Au Canada, on a observé une baisse similaire à celle des


États-Unis, soit de 22 % à 13 %, selon Livio di Matteo, profes- seur d’économie à l’Université Lakehead en Ontario.


Changement de programme Aucunement alarmé par ces chiffres, Mark Perry y voit l’occa- sion « de se réjouir, et non de se plaindre », ce qui dénote bien la mentalité postindustrielle. « Nous vivons en fait une transi- tion inévitable vers l’économie postindustrielle de l’ère de l’information, écrit-il. L’importance de la fabrication pour la production et les emplois diminue, à l’image du recul de l’agri- culture au siècle dernier. Par conséquent, les progrès de la productivité et de l’efficience de la fabrication se traduisent par une baisse des prix pour le consommateur. » Pourtant, selon un rapport de l’Information Technology


and Innovation Foundation, le point de vue postindustriel serait erroné : il tient compte uniquement de la production manufacturière mesurée en dollars américains. Cette mesure simpliste classe la production manufacturière des États-Unis au premier rang mondial, et la fait même devancer de 46 % celle de la Chine, qui arrive au deuxième rang. Or, il serait plus exact de mesurer au PIB réel la variation du ratio de la valeur ajoutée réelle de la fabrication. Selon cette mesure, entre 2000 et 2010, la capacité manufacturière des États-Unis a reculé de 20,2 %, et celle du Canada, de 30 %. Selon un nombre croissant d’experts, les pays dits postin-


dustriels doivent relancer la fabrication sans délai. « Les ser- vices n’ont jamais réussi à remplacer la fabrication », observe Louis Duhamel, conseiller stratégique pour les entreprises en croissance chez Deloitte, à Montréal, et coauteur de l’étude Le point sur le Québec manufacturier, publiée en 2014. « La vigueur du secteur manufacturier est essentielle à l’essor d’une société prospère et d’une économie diversifiée. »


32 | CPA MAGAZINE | MARS 2015


Postindustriel ou préindustriel? En réalité, les services ne constituent aucunement un secteur autonome de l’économie. La croissance des services est due en grande partie à la fabrication, estime Ian McCarthy, professeur de technologie et de gestion opérationnelle à l’Université Simon Fraser. « Il y a 20 ou 30 ans, les fabricants avaient leurs propres camions et leurs services de TI. Aujourd’hui, ils recourent le plus souvent à l’externalisation. » Tout indique que la fabrication constitue toujours une part prépondérante de l’économie mondiale. En 2012, sur les 21 550 G$ US en marchandises et en services négociés à l’échelle mondiale, les produits manufacturés représentaient 73 % du total, soit 15 700 G$ US, et les services, seulement 20 %, soit 4 250 G$ US, selon l’Organisation mondiale du com- merce (Les matières premières et les produits agricoles repré- sentaient les 7 % restants.). Aux États-Unis, la fabrication « compte pour plus de 80 % de nos exportations », affirmait l’ex-président américain Bill Clinton en avril 2013. Au Canada, la proportion était d’environ 70 % en 2012. « Si, dans un cas extrême, une économie reposait unique-


ment sur les services, elle serait très pauvre, car elle ne pour- rait pas échanger des marchandises, et la valeur de sa monnaie serait très faible », écrit Jon Rynn, auteur de Manufacturing Green Prosperity. M. Rynn affirme que les États-Unis et le Canada ont tout


intérêt à relancer leur secteur manufacturier. En effet, la fabri- cation est à l’origine de la richesse et de la puissance de l’An- gleterre, de l’Allemagne, des États-Unis, du Japon, de la Corée et de la Chine. Sans l’apport massif de la fabrication, l’écono- mie chinoise reposerait encore sur les labours des paysans. Même les services sont tributaires des produits manufactu-


rés, estime M. Rynn. « Les services consistent surtout à utiliser des produits manufacturés. Le commerce de détail et de gros, qui représente environ 11 % de l’économie, consiste à acheter et à vendre des produits manufacturés. L’immobilier, qui représente 13 % de l’économie, a pour sa part pour objectif d'acheter et de vendre un bien immeuble. Même les soins de


Atsushi Tomura/Getty Images


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