Le Bécasseau maubèche (Calidris canutus) STATUT CMS Annexe I & II INSTRUMENT(S) CMS Accord sur la conservation des oiseaux d’eau migrateurs d’Afrique-Eurasie (AEWA)
Le Bécasseau maubèche est un limicole migrateur qui parcourt jusqu’à 20 0000 km deux fois par an depuis ses sites de production situés dans la toundra du Haut Arctique jusqu’à ses sites de non reproduction situés au sud. En plus d’avoir le plus long trajet total de migration à son actif, il vole (pour certaines populations) d’une seule traite sur 8 000 à 9 000 km entre deux sites de transit. Étant un spécialiste se nourrissant de crustacés et évitant les habitats d’eau douce à teneur élevée en pathogènes, le Bécasseau maubèche dépend des quelques vastes zones intertidales proposant les abondantes ressources alimentaires que le monde a encore à offrir. Pour être en mesure d’entreprendre le voyage très exigeant du point de vue physiologique entre l’Afrique de l’Ouest et le Nord de la Sibérie, par exemple, Calidris c. canutus se ravitaille pendant trois semaines en s’alimentant rapidement dans le Parc national du Banc d’Arguin en Mauritanie et dans le Parc de la Mer des Wadden en Europe. Après avoir pratiquement doublé son poids, il brûle toute la graisse accumulée au cours des trois jours ou plus de vol non-stop.
Menaces pesant sur les voies de migration Sur les six sous-espèces que compte le Bécasseau maubèche,
une est à présent stable, quatre sont en déclin et la tendance de la sixième population manque de clarté. Ces déclins peuvent être attribués à la perte d’importantes aires d’alimentation et de sources de nourriture le long de ses itinéraires de migration. C. c. canutus et C. c. islandica, par exemple, sont tous deux fortement tributaires des ressources en crustacés de la mer des Wadden le long de la voie de migration Est-Atlantique. Toutefois, l’endiguement des habitats intertidaux et la récolte mécanique des crustacés dans certains endroits de la mer des Wadden ont entraîné des déclins significatifs parmi ces deux populations.
D’autres populations de bécasseaux connaissent des situations comparables. En Chine et en Corée, par exemple, de vastes projets d’aménagement ont déjà détruit au cours de ces trente dernières années plus de 50 % des zones intertidales de la mer Jaune. Bien d’autres projets sont en route, exerçant d’énormes contraintes sur les populations de C. c. piersmai et de C. c. rogersi qui sont toutes deux uniques sur la voie de migration d’Asie de l’Est-Australasie. Le long de la voie de migration Ouest-Atlantique, un prélèvement excessif des limules dans la baie du Delaware a entraîné une pénurie d’œufs de crabes pour C. c. rufa et d’autres limicoles. Leur population a baissé brusquement, passant de plus de 100 000 oiseaux en 2001 à moins de 20 000 en 2011.
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