Page 46 of 76
Previous Page     Next Page        Smaller fonts | Larger fonts     Go back to the flash version

Un autre problème est le nombre croissant d’installations éo- liennes off-shore. Les bruits extrêmement forts générés lors de leur construction peuvent être entendus à de très grandes distances sous l’eau (Carlos, 2008) et peuvent déplacer des animaux hors de leurs habitats dans un rayon éloigné de plus de 15 kilomètres de la source sonore (Brandt et col., 2011).

L’utilisation des sonars militaires mais aussi d’autres impacts ma- ritimes constituent un sujet croissant d’inquiétudes (MacCauley et col., 2003 ; Nowacek et col., 2007 ; Wellgart, 2007 ; Papanicolopulu, 2011 ; Zirbel et col., 2011) et il a été suggéré que les plus gros ba- teaux peuvent obliger les baleines à faire de longs détours, faisant qu’elles utilisent beaucoup moins les points de migration tradi- tionnels. Cette situation peut bloquer ou arrêter les cétacés migra- teurs dans des régions telles que des archipels ou le Haut Arctique canadien, où les eaux peu profondes des détroits au sein des îles principales sont ouvertes à la navigation et au transport réguliers.

Ceci peut notamment représenter un danger élevé pour les bélou- gas (Delphinapterus leucas), qui, comparés aux baleines du Groen- land (Balaena mysticetus), semblent être extrêmement sensibles aux bruits anthropogéniques, même aux hélicoptères ou aéronefs à voilure fixe. 38 % des bélougas réagissent aux aéronefs volant au-dessus d’eux, même à des centaines de mètres de distance et d’altitude, et pendant de très courtes périodes (Patenaude et col., 2002). Étant donné que les effets sonores et le temps d’exposi- tion des survols sont beaucoup moins importants que ceux de la navigation, on s’inquiète tout particulièrement pour les bélougas qui vivent normalement dans un environnement extrêmement naturel et exclusivement dans le Haut Arctique, où leur aire de répartition risque de diminuer du fait du changement climatique. La protection des possibilités de migration entre des sites offrant des caractéristiques et une alimentation différentes s’impose donc pour cette espèce (Fig. 16).

Elle migre à travers l’Arctique, dans le Nord du Canada et du Groenland, cherchant tout particulièrement de la nourriture dans les baies les plus australes de l’île de Baffin, le Nord-Est de l’Arc- tique canadien, dans la Baie d’Hudson et dans le littoral ouest du Groenland. Il existe plusieurs populations distinctes de bélougas (UICN, 2011), avec une estimation de 20 000 à 30 000 animaux autour de l’île de Baffin, où les eaux côtières procurent un habi- tat crucial pour les baleines et représentent le centre entre l’est et l’ouest de la répartition des bélougas de l’Alaska au Groenland.

Des études ont démontré l’extrême sensibilité des bélougas aux ac- tivités maritimes (Caron et Sergeant, 1988). Les mouvements des bélougas à travers l’embouchure du Saguenay ont été étudiés sur une dizaine d’années par plusieurs chercheurs (Caron et Sergeant, 1988). Un déclin du taux de passage des bélougas de plus de 60 % a été enregistré au cours de cette période – passant de 3,9 bélougas/ heure à 1,3 bélougas/heure ultérieurement (Caron et Sergeant, 1988) – au cours d’une période relativement courte (entre 1982 et 1986) coïncidant avec une augmentation des activités maritimes de plai- sance dans la région. Le brise-glace MV Arctic s’est révélé générer des sons d’une fréquence plus haute que des navires du même type. Les bélougas seraient en mesure de détecter le navire entre au moins 25 et 30 km de distance (Cosens et Dueck, 1993). Ceci peut expli- quer pourquoi les bélougas du détroit de Lancaster semblent réagir aux navires à des distances plus grandes que ne le font les autres populations de baleines arctiques. Les bélougas s’étaient déplacés d’au moins 80 kilomètres à la lisière des glaces (Finley et col., 1990).

Le projet d’une importante mine de fer, exploitée par la société Baffinland Iron Mines, est envisagé à présent sur l’île de Baffin. Ce projet pourrait avoir de graves impacts sur la faune sauvage de l’île, notamment les développements prévus sur les aires de parturition des caribous, et l’établissement de deux ports impor- tants. 149 kilomètres de voies ferrées, 100 kilomètres de routes et 83 sites d’extraction (produisant environ 29 500 000 tonnes) sont projetés, représentant un trafic estimé à 110 camions par jour pendant la phase d’exploitation (Baffinland, 2011). Pendant les premières années de construction, jusqu’à 23 cargos (165 000- 206 000 tonnes) partiront des deux ports prévus pour la naviga- tion et la construction – les ports de Milne et de Steensby. Le trafic passera ensuite à six cargos (46 000-60 000 tons) opérant sur un mode plus permanent, en plus des trois à six tankers partant de chaque port (Baffinland, 2011).

La mise en place possible de ce projet dans le Haut Arctique cana- dien n’aura pas seulement des impacts terrestres importants, mais mettra également gravement en danger la migration des bélougas entre le Groenland et l’Arctique canadien et risque de menacer des zones cruciales de leur aire de répartition d’hiver.

46

Previous arrowPrevious Page     Next PageNext arrow        Smaller fonts | Larger fonts     Go back to the flash version
1  |  2  |  3  |  4  |  5  |  6  |  7  |  8  |  9  |  10  |  11  |  12  |  13  |  14  |  15  |  16  |  17  |  18  |  19  |  20  |  21  |  22  |  23  |  24  |  25  |  26  |  27  |  28  |  29  |  30  |  31  |  32  |  33  |  34  |  35  |  36  |  37  |  38  |  39  |  40  |  41  |  42  |  43  |  44  |  45  |  46  |  47  |  48  |  49  |  50  |  51  |  52  |  53  |  54  |  55  |  56  |  57  |  58  |  59  |  60  |  61  |  62  |  63  |  64  |  65  |  66  |  67  |  68  |  69  |  70  |  71  |  72  |  73  |  74  |  75  |  76