Impacts de la pollution et des nuisances sonores liées au trafic maritime
les autres sons anthropogéniques pouvant endommager l’ouïe ou affecter le comportement des poissons et des animaux ainsi que la communication dans les océans (MacCauley et col., 2003 ; Wellgart, 2007 ; Papanicolopulu, 2011; Zirbel et col., 2011). Des preuves de plus en plus nombreuses témoignent des changements de compor- tement des cétacés – baleines et dauphins – lorsqu’ils sont exposés à la pollution sonore (Nowacek et col., 2007 ; Lusseau, 2008).
Les cétacés odontocètes (cétacés munis de dents) utilisent des sons à haute fréquence dans l’écholocation pour se diriger et chercher de la nourriture, et sont extrêmement sensibles aux sons artificiels pré- sents dans l’océan. Ils ont la particularité de détecter et d’entendre les fréquences très basses et très hautes, selon les espèces auxquelles ils appartiennent. Des échouages massifs pouvant toucher d’un petit nombre à des centaines d’animaux se sont produits pour de nom- breuses espèces de cétacés, notamment les baleines à bec, à la suite d’exercices militaires avec sonars (Balcomb et Claridge, 2001), ainsi que d’autres baleines, dauphins et marsouins. Ces échouages mas- sifs ont selon toute probabilité des raisons très diverses (Walker et col., 2005). Certains s’expliquent par des pertes d’ouïe probablement provoquées par un bruit de bateau, par la pollution (par les PCB) ou par d’autres causes, tandis que d’autres sont dus à une série d’autres facteurs, notamment des facteurs naturels (Mann et col., 2010).
De nombreuses études ont examiné les impacts des barrages et d’autres infrastructures dans l’obstruction des mouvements des salmonidés, des poissons et des dauphins de rivière (PNUE, 2001 ; WCD, 2000).
Cependant, aux cours de ces dernières années, l’accent a bien davantage porté sur les incidences sur les mammifères marins de la pollution sonore provenant des activités maritimes et de la navigation de plaisance, notamment les sonars navals militaires et
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Toutefois, la pollution sonore liée aux activités maritimes peut avoir d’autres effets que les échouages massifs. Elle peut en effet contraindre les cétacés à éviter des voies de navigation et des ports qui constituaient autrefois un habitat et un itinéraire de migra- tion importants. Des sons artificiels ont même été utilisés effica- cement pour éloigner les orques des fermes salmonicoles (Morton et Symonds, 2002). Le fait que les cétacés évitent ne serait-ce que quelques petits bateaux de plaisanciers s’est révélé avoir un effet à long terme, avec des implications pour les populations locales (Bejder et col., 2006). Des études plus récentes confirment même des changements plus importants que ce qu’on soupçonnait aupa- ravant dans le comportement des cétacés lorsqu’ils sont exposés au bruit des bateaux (Williams et Ashe, 2007 ; Bearzi et col., 2011 ; Seuront et Cribb, 2011).
Les mégaptères (Megaptera novaeangliae) ont montré des changements de comportement au voisinage de navires (Stamation et col., 2010), et plusieurs études ont indiqué que les dauphins évitent les régions de trafic maritime (Bejder et col., 2006). De nombreuse études documen-