Franchir les océans vers de nouveaux mondes : les adolescents en transition


Par Adrian Juric


« Pour parvenir à se connaître, il faut d’abord pouvoir perdre ses repères. »


- Joseph Campbell


Les véritables découvertes ont toujours ex- igé que l’on s’aventure dans l’inconnu. Leif Ericsson a navigué et découvert le Nouveau Monde cinq cents ans avant Colomb, en se guidant sur de simples rumeurs.


refus de poser sa candidature à un poste ou à un programme de formation. Peu importe la forme qu’elle prend, cette attitude de refus est très nuisible à l’épanouissement personnel. Car après tout, une vie sans risque est une vie sans vécu.


dit si bien le poète John O’Donohue, seule la porte du risque donne accès à la croissance.


Magellan, premier explorateur à faire le tour du monde, naviguait à l’aide de cartes qui n’étaient guère plus que des conjectures.


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Le passage de l’adolescence à l’âge adulte est une aventure similaire dans l’inconnu. De nouvelles terres excitantes interpellent les jeunes depuis l’horizon. Elles prom- ettent de nouvelles formes de liberté et d’aventure, ainsi que le pouvoir de façonner sa vie comme on le veut.


Mais bien que l’aventure promette des changements stimulants, elle comporte aussi sa part de chaos. Le jeune découvre en effet rapidement que pour que l’aventure débute, il faut d’abord jeter par-dessus bord les rôles anciens, les vieilles relations et les anciennes façons d’être au monde. Le con- fort des ports abrités doit être abandonné et il faut aller fouiller les eaux profondes. Les anciens horizons doivent s’engloutir sous les vagues si l’on veut en voir apparaître de nouveaux.


Cette période liminaire, cet entre-deux est souvent une période profondément angois- sante pour le jeune en transition. Craignant de se risquer en haute mer agitée, les jeunes peuvent refuser de franchir le cap nécessaire vers une forme d’identité au monde plus large et plus riche. Ce refus peut prendre la forme d’un sabotage délibéré du rendement scolaire. Il peut aussi se manifester par le


VOL. 45 NO. 1 | WINTER 2013 Ferdinand


C’est à ce moment précis que nous, en tant qu’adultes mentors, devons intervenir.


Nous devons relater au jeune le récit véri- table de notre propre changement de cap. Ils doivent pouvoir entendre le fait que nous aussi avons été réticents à quitter le confort des ports abrités. Ils doivent pouvoir enten- dre que nous aussi avons été ballottés par les tempêtes de l’indécision et de la remise en question, que nous aussi avons parfois regretté les destinations que nous avions choisies pour mener notre vie, consacrant des mois, et même des années, à scruter frénétiquement l’horizon à la recherche d’une nouvelle direction. En entendant ces récits, les jeunes sont à même de constater que leurs peurs sont un élément normal de la transition que chacun vit.


Nous devons expliquer comment nous avons choisi notre cheminement de vie. Les jeunes peinent souvent en ayant la fausse impression qu’à leur âge, nous avions une vision claire et fixe de notre destina- tion personnelle et professionnelle, et que nous naviguions en ligne droite, sans jamais changer de cap. Nous devons les détromper à cet égard. Nous devons leur faire com- prendre que la plupart d’entre nous avons débuté dans la vie sans trop savoir quelle en serait la direction générale. Nous devons leur faire comprendre que les destinations fixées pour nos vies personnelles et profes- sionnelles étaient habituellement provi-


Et, comme le


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