Ceux qui demandent l’asile au Canada n’enfreignent aucune loi
Quand des personnes sont prêtes à tout endurer, y compris marcher vers le Québec, le long d’interminables chemins de terre, en quête d’un havre de paix, c’est qu’elles n’ont souvent pas pu obtenir un passeport ou le bon visa avant de fuir leur calvaire.
La législation canadienne est claire : selon la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés, peu importe le lieu ou la manière par laquelle ils sont arrivés au pays, ceux qui demandent la protection ne peuvent pas être inculpés d’une infraction. C’est faux d’appeler les demandeurs d’asile « des illégaux ».
Le Canada a des protocoles et des processus bien établis pour gérer les demandeurs d’asile.
Lorsqu’un demandeur d’asile entre au Canada, le processus est également clair. Suite à l’audition de sa demande, la Commission de l’immigration et du statut de réfugié doit décider si le retour dans son pays d’origine mettrait sa vie en péril.
Il y a ceux qui fuient les conflits, tels qu’en Syrie, au Soudan du Sud, ainsi que des survivantes de violences sexuelles. Il y a des filles qui risquent des mariages forcés ou des mutilations génitales et des garçons qui risquent un recrutement forcé par des groupes paramilitaires ou des gangs criminels. De même, les personnes LGBTI et les membres de minorités religieuses ou ethniques font partie des personnes à risque.
Toutes ces personnes risquent la persécution pour ce qu’elles sont et ce qu’elles représentent. Toutes ont besoin de protection.
Un homme tient une pancarte en signe de soutien aux demandeurs d’asile lors d’une manifestation à l’extérieur du Stade Olympique à Montréal, le dimanche 6 août 2017.
Tribune: Il y a une crise des réfugiés — mais pas au Canada
Par Jean-Nicolas Beuze, Représentant du HCR Canada 14 |
Depuis l’augmentation du nombre de personnes traversant illégalement la frontière entre le Québec et l’état de New York l’été dernier, une litanie alarmante a ressurgi, clamant que le Canada est submergé par les réfugiés. Au parlement, aussi bien que dans les médias, j’ai soutenu que ceci est un discours dangereux et infondé qui a pour but de déshumaniser les personnes qui fuient les guerres et la persécution.
Voici les faits :
Le Canada est capable de faire face à ces afflux En 2017, 50,000 personnes ont demandé l’asile au Canada. En un seul jour, au mois de septembre dernier, 50,000 Rohingyas, en quête de sécurité, ont traversé la rivière boueuse de Naf, dont plusieurs au péril de leur vie, pour rejoindre Cox’s Bazar au Bangladesh.
Dans un pays aussi riche et bien gouverné que le Canada, 50,000 personnes est un chiffre gérable. Cela représente moins de 0.2 pour cent des réfugiés dans le monde en 2017.
Mais ces chiffres deviennent alarmants pour les pays en ligne de front qui acceptent la majorité des demandeurs d’asile. Des pays tels que l’Ouganda, le Bangladesh et le Mexique, qui luttent déjà contre une pauvreté endémique, ont ouvert leurs portes à des centaines de milliers de réfugiés, dont de nombreuses femmes et enfants fuyant la violence de gangs criminels.
Le Canada a mis en œuvre des plans d’intervention et continue à les adapter. Fort de mois d’observations du HCR, d’entrevues avec des demandeurs d’asile, de rencontres avec les autorités gouvernementales et les organisations de la société civile, je porte en haute estime les Canadiens pour leur gestion efficace et humaine de ces personnes.
Cependant, alors que le Canada a les moyens de mettre en place des services adaptés, d’autres pays et communautés ont du mal à gérer l’afflux des réfugiés. Un an après l’émotion suscitée par les images de Rohingyas désespérés et exténués, le HCR n’a totalisé que 40 pour cent des fonds nécessaires pour fournir nourriture et abris de base pour des centaines de milliers de personnes en besoin.
Au final, au-delà des chiffres, des lois et des procédés, il y a des histoires individuelles. Les tragédies personnelles sont nombreuses, mais les actes de courage et de résilience le sont également. Chaque histoire est unique, mais chacune nous lie à notre humanité commune.
Pour toutes ces raisons, il est faux et irresponsable d’instiller la peur des réfugiés au Canada. Les faits ont leur importance. Les mots également. La crise des réfugiés d’aujourd’hui n’est pas chez nous, mais bel et bien dans des pays frontaliers des zones de conflit en Afrique et au Moyen Orient. Nous pouvons apprendre de ces pays qui, malgré leurs maigres ressources, accueillent courageusement et fièrement des centaines de milliers de réfugiés.
Je sais que nous pouvons compter sur vous pour convaincre vos amis et vos dirigeants politiques du fait que le Canada est loin de faire face à une crise. Bien au contraire, nous pouvons faire davantage pour aider les réfugiés ici et ailleurs. R
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©La Presse Canadienne/Graham Hughes
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