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bien que parfois encouragé par les militants bloquistes qui, « faisant sortir leur vote », rappelaient à plusieurs électeurs, ayant maintenant changé d’allégeance, qu’il fallait se rendre aux urnes. La différence entre les stratégies employées au Québec par le NPD et le Bloc peut bien sûr avoir eu un impact sur le résultat final. Mettant beaucoup d’emphase sur la région de Québec et articulant son message de manière plutôt défensive face aux conservateurs impopulaires en quête d’une majorité, puis très offensive face à un NPD en plein essor, le Bloc Québécois n’a pas su créer un contexte politique rendant nécessaire l’envoi d’une délégation souverainiste forte à Ottawa. À la fois dans le choix du fil conducteur médiatique de sa campagne (qui s’est brisé lorsque la rhétorique anti-conservatrice ne suffisait plus et que le NPD devenait « l’ennemi à abattre ») que par le possible excès d’assurance de ses organisations sur le terrain, le parti de Gilles Duceppe a eu de la difficulté à s’adapter à la dynamique changeante des dernières semaines. Au contraire, la relative- ment jeune et inexpérimentée équipe du NPD (moins en- cline à se fier à des modèles établis) a fait preuve d’une grande flexibilité au cours de la campagne, à la fois parce qu’elle a su utiliser efficacement le momentum ayant surgi en fin de par- cours et répondre avec aplomb aux attaques, mais également parce que la « vague Jack Layton » était sa seule planche de salut. Le mérite revient aux candidats et aux stratèges du parti qui ont su comprendre cette donne et faire rapidement les choix en conséquence.


Et maintenant ? Les partis pancanadiens utilisent depuis maintes années l’argument voulant que le Québec se retrouve isolé dans l’ensemble canadien en élisant une majorité de députés sou- verainistes. Pourtant, même si le 2 mai dernier les Québécois ont choisi un parti fédéraliste, la province s’est de nouveau retrouvée à contre-courant. Les conservateurs forment dé- sormais un gouvernement majoritaire sans le Québec, ce qui influencera certainement leurs décisions au cours des quatre prochaines années. Pour le NPD, le défi vient d’abord du fait que la majorité


de son caucus provient dorénavant du Québec, ce qui modi- fie la dynamique au sein de l’aile parlementaire et du parti en général. Il va sans dire que la barre est haute pour les néo- démocrates, tant au plan de la représentation efficace des in- térêts québécois à Ottawa que du côté de leur organisation, qu’ils voudront sans doute implanter aux quatre coins de la province. Après tout, on ne peut compter sur une vague à chaque rendez-vous électoral… Quant au PLC, il a non seulement subi un dur coup le 2


mai, mais se retrouve également sans chef suite à la démission de Michael Ignatieff. Au Québec, les libéraux devront trouver une façon de mettre les fantômes du scandale des commandites derrière eux et trouver de nouveaux thèmes porteurs, propres à la Belle Province, dont ils pourront se faire les défenseurs. Il va sans dire que c’est le Bloc Québécois qui pâtit le plus des résultats de la dernière élection fédérale, et de loin. Pour les électeurs souverainistes d’abord, mais également aux yeux


Jack Layton, Leaders Tour - Tournée du Chef - Surrey Rally.


de la population en général, la question de sa survie se pose et anime la discussion politique partout au Canada. Non seule- ment il n’est plus en mesure de jouer le rôle de seul porteur des revendications du Québec à la Chambre des Communes, mais son financement sera aussi de beaucoup diminué. Sans chef pour une période indéterminée, suite au départ de Gilles Duceppe, ses quatre députés devront également lutter pour occuper l’espace médiatique. Le chemin de croix qui s’amorce pour le Bloc devra être l’occasion de tout remettre en question (des balises idéologiques qui le régissent, à sa structure, en passant par la manière de livrer son message et la redéfinition de sa base électorale), tout en tentant d’analyser si la vague orange qui l’a emporté était passagère ou saura se solidifier au cours des années à venir. Plus que jamais depuis la fondation de ce parti le milieu politique se penchera sur la place de l’option indépendantiste au parlement fédéral.


Simon Lafrance est un stratège politique. Il est l’un des seuls organ- isateurs politiques à avoir travaillé à des campagnes électorales à tous les niveaux à la fois au Canada et aux États-Unis. Il est un col- laborateur régulier auprès de plusieurs médias québécois, principale- ment sur les questions de politique américaine.


Simon Lafrance is a Political Strategist. He is one of the only political operatives to have worked on electoral campaigns at all levels both in Canada and the United States. He is a regular contributor to various media outlets in Quebec, mainly regarding American Politics.


June 2011 | Campaigns & Elections 35


Matt Jigginsm


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