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nalité de Jack Layton, qui est apprécié au Québec, deviennent la base de leur offensive auprès des Québécois. Le NPD les encourage à marquer leur différence avec le reste du Canada tout en acceptant de s’y impliquer.
Momentum Tel que mentionné précédemment, les électeurs ne dé-
montrent pas d’engouement au cours des premières semaines de la campagne électorale. À l’exception de la très anticipée (et surtout médiatisée) « bataille de Québec », qui oppose blo- quistes et conservateurs et où l’enjeu de la construction d’un nouvel amphithéâtre sportif est central mais ne semble pas soulever les passions de manière partisane, on ne prévoit pas de grands bouleversements à l’échiquier politique québécois. Les Québécois ne semblent ni motivés à se faire entendre de manière particulière le 2 mai, ni à changer d’allégeance de fa- çon marquée. Deux événements viendront changer la donne. Tout d’abord, le Débat des Chefs en français permettra
d’observer un phénomène assez particulier. Alors que les at- tentes sont hautes envers Gilles Duceppe et qu’il réussit à y répondre, s’attirant les commentaires positifs des analystes et des gens du milieu, peu remarquent que Jack Layton marque des points tout au long du débat en misant sur son message social et en se positionnant comme un facteur de changement pour le Québec. Nommant des dossiers précis mais en con- servant une vision de société globale, critiquant le gouverne- ment mais en proposant une alternative optimiste, le chef du NPD réussit à se faufiler entre conservateurs et libéraux (que les téléspectateurs associent habituellement au pouvoir) et le Bloc (qui joue le rôle d’opposition). Plutôt que de se con- tenter de son rôle de quatrième parti et de chercher à plaire aux journalistes, le leader néo-démocrate semble s’adresser directement à la population et son ton populiste fait mouche.
Au Québec, les libéraux devront trouver une façon de mettre les fantômes du scandale des commandites derrière eux et trouver de nouveaux thèmes porteurs, propres à la Belle Province, dont ils pourront se faire les défenseurs.
Si les discussions s’activent dans les chaumières, comme à l’habitude, après le Débat des Chefs, c’est un sondage pi- loté par CROP (et par la suite fortement critiqué pour sa méthodologie) qui viendra ajouter au momentum du NPD. Pour la première fois de la campagne, le NPD devance le Bloc dans les intentions de vote. La réaction des différentes organ- isations aura un impact majeur sur la suite des choses. Alors que les néo-démocrates saisissent la balle au bond et, tant via les canaux médiatiques traditionnels que les médias sociaux (où leurs candidats sont très actifs, particulièrement auprès des
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jeunes), amplifient l’importance de leur percée, les trois autres partis, le Bloc en tête, chamboulent leur plan de match de manière précipitée et pointent désormais leurs canons vers les néo-démocrates. De la même manière que lors du Débat des Chefs, l’équipe de communication du NPD ne tombe pas dans le piège de la rhétorique d’opposition et utilise plutôt les attaques de ses adversaires à son avantage, renforçant son message positif et l’image de parti « nouveau » et « au-dessus de la mêlée partisane ». Sur le terrain, les organisations jouent également du coude puisque la « vague orange » est difficilement palpable. Les or- ganisateurs aguerris sachant qu’une tendance dans les sond- ages nationaux (même lorsqu’elle vient à être confirmée par plusieurs maisons de spécialistes) n’a que peu de chances de se transposer au niveau local, rares sont les comités électoraux qui vérifieront une seconde fois leur pointage téléphonique afin de calculer la solidité de leurs appuis du début de la cam- pagne. Aussi, alors que la vague est intimement liée à la per- sonnalité de Jack Layton et que les candidats du NPD, pour la plupart inconnus et orphelins d’organisations moussent leur affiliation à leur chef au cours des derniers miles et multi- plient les rassemblements québécois médiatisés, la grande ma- jorité des organisations bloquistes, conservatrices et libérales mettent toutes l’emphase sur leurs opérations de sortie de vote en comptant bien déclasser le NPD lors du «Jour J». Les réflexes des organisations reflètent en général leurs forces, mais également les faiblesses qu’elles souhaitent combler et l’élection fédérale 2011 le démontrera une fois de plus.
La vague Le dernier droit de la campagne électorale fédérale au Qué-
bec prend des allures de duel entre le Bloc et le NPD, con- servateurs et libéraux se repliant plus que jamais sur les cir- conscriptions les plus sûres pour eux. Les stratèges et analystes politiques peuvent apercevoir, au cours de la dernière semaine, les contours d’un affrontement entre deux organisations très différentes. D’un côté, l’opération de relations publiques et de communications du NPD, poussée par une vague de nouveaux sympathisants enthousiastes et menée à fond de train par le chef Jack Layton; de l’autre, la machine électorale bloquiste avec ses armées de bénévoles, son expérience des jours de scrutin et ses appuis (que le Bloc croit toujours acquis) chez les souver- ainistes, mais dont le chef Gilles Duceppe semble fatigué, aigri. Malgré tous les indicateurs et l’œil aiguisé des spécialistes, im- possible toutefois de prédire qui l’emportera. La suite est désormais passée à l’histoire. Alors que les con-
servateurs ne remportent que cinq sièges et que les libéraux n’en obtiennent que sept, le « duel du Québec » se solde par une victoire sans partage du NPD qui, en passant d’une seule circonscription à cinquante-neuf, ne laisse que des miettes (quatre sièges) au Bloc Québécois. La « vague orange » aura donc résisté aux attaques médiatiques des adversaires du NPD, mais également à la supériorité organisationnelle du Bloc. Non seulement la plupart des candidats néo-démocrates ne s’attendaient pas à gagner le 2 mai, mais le mouvement popu- laire qui les a portés au pouvoir était principalement spontané,
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