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LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI www.rbth.ru
coMMuniquÉ DE roSSiYSKAYA GAZEtA
DiStribuÉ AVEc LE FiGAro Mode
05
Moscou rêve d'être
tendance
aleXandeR aZaRov PouR aRtefaCt CoMMuniCationS agenCy
haute couture Ressusciter l'élégance de la Russie blanche
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rêves réalisés
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Olga Sorokina est un phénomène caine se pâme: “C’est donc vous! Vous comme l’aigle à deux têtes, la couron-
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encore méconnu de la mode. Cette n’avez pas l’air d’un meurtrier. Je suis ne, la croix de l’ordre de Malte, ou en-
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toute jeune roturière biélorusse est bien heureuse que vous ayez pu fuir ces core le violet, couleur préférée d’Irina,
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parvenue presque seule à ressusciter sales Bolcheviques”. Mais le krach bour- mais je les détourne, par petites tou-
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une prestigieuse maison de couture sier de 1929 ruine les clients d’Irfé. L’ate- ches. Le résultat est très moderne”, af-
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fondée par d'illustres aristocrates lier ferme en 1931. firme la jeune femme. P
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russes réfugiés à Paris. Près de huit décennies plus tard, Olga Seule concession à la tradition d’Irfé: te
Sorokina, jeune mannequin biélorusse, l’exigence de la qualité. “Nous choisis-
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découvre, sous la plume du décorateur sons les meilleurs fournisseurs et les
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MADELEinE LEroYEr ill
de théâtre Alexandre Vassiliev, le des- meilleurs ateliers, en France et en Ita-
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SPÉCialeMent PouR la RuSSie d’aujouRd’hui
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tin de cette première émigration blan- lie. Il faut faire le maximum ou ne rien
Cette nuit d'hiver 1924, le Tout-Paris che. Sitôt achevée la lecture de Beauty faire du tout”. e
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n'a d'yeux que pour la princesse Irina in Exile, elle décide de ressusciter Irfé. Résultat: de Tokyo à Saint-Tropez, du Irina Romanova et son mari incarnent 80 ans plus tard, la fougueuse Olga
Romanova, nièce du dernier tsar Nico- Elle a à peine 23 ans. Bon Marché au Koweït, Irfé affiche pour le nec plus ultra des années 20. Sorokina replace Irfé sur les podiums.
las II, qui ouvre dans les salons du Ritz Son audace séduit la comtesse Xenia la saison printemps-été 2010 un carnet
le premier défilé de sa maison de cou- Sfiris-Sheremeteva, petite-fille des fon- de commandes à faire pâlir d’envie les
ture, Irfé. A ses côtés, son époux, Félix dateurs d’Irfé et unique descendante créateurs russes: “Il y a en Russie des Irfé – “elle nous a écrit une lettre de retrouvant les formules Youssoupoff.
Youssoupoff, enflamme les esprits qui de Nicolas II. En quelques mois, Olga couturiers de talent mais pas de systè- remerciements”, glisse, non sans fierté, Combien de destins brisés pour un
devinent sous les exquises manières du Sorokina dessine des robes inspirées me, pas d’acheteurs. Ça n’a pas de sens la créatrice. succès comme le sien, combien de jeu-
prince la sauvagerie de l'assassin de des modèles des années 1920 pour une de créer de beaux vêtements si l'on ne Regard bleu invincible, à peine ma- nes beautés devenues hôtesses plutôt
Raspoutine. première collection en forme d’hom- peut pas assurer les commandes. C’est quillée, elle prend un malin plaisir à que mannequins? Elle n’y pense pas:
Irfé, mariage de leurs deux mage dévoilée en juillet 2008 au Palais pour ça que j’ai voulu une véritable mai- conjuguer la délicatesse d’Irina et la “La force des mannequins de l’Est,
noms, connaît un succès de Tokyo. son, une équipe et c’est pour ça que fougue de Félix. Négligeant les obsta- c’est qu’elles gardent leur rêve che-
fulgurant. Les Hors de question pour autant de s’en- notre showroom est installé rue du Fau- cles, elle échafaude mille projets: ouvrir villé au corps, qu’elles encaissent les
clientes insistent fermer dans un style suranné. Dès la bourg Saint-Honoré”. une boutique à Paris – “mais on ne trou- coups sans faillir. Elles se considèrent
pour rencontrer collection suivante, la créatrice arrime Carla Bruni-Sarkozy n’a d’ailleurs eu ve rien au Faubourg et je veux y res- comme des stars, et ça marche. Moi je
le prince. Une Irfé au XXIème siècle. “Je reprends les que quelques centaines de mètres à par- ter” –, percer le marché new-yorkais, n’ose plus rêver, car tout ce dont je
riche Améri- motifs et les obsessions de l’Empire courir pour venir choisir un sac à main ou encore relancer les parfums Irfé en rêve se réalise”.
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Musée Comme Paris, Moscou s'offre son musée de la mode
tique à part entière, de son évolution
jusqu’en 1917, et des innovations qu'il
L'immortel destin de l'éphémère
a connues dans les années 1920-1930.
L’exposition mettra en vitrine des piè-
ces uniques de la fin du XIXème-dé-
but du XXème siècle; des tissus im-
2010 verra l'ouverture du premier monde d'accord. Les Arts déco possè- collaboration de la nouvelle généra- primés de coton et de lin des
musée russe entièrement consacré à dent une vaste collection, remontant à tion de créateurs russes pour ajouter XVIIème-XVIIIème siècles; du lin im-
la mode – une institution richement 1885, de croquis, de lithographies, de à son fonds les plus belles pièces de primé paysan de la fin du XIXème-dé-
dotée grâce au fonds du Musée des costumes, de robes et d'accessoires: de leurs collections. “Pour la fin de l’an- but du XXème siècle, où domine le
arts décoratifs et populaires, et qui quoi faire un vrai musée, sur le modèle née, nous prévoyons d’ouvrir quelques bleu indigo qui rappelle le denim
accueillera plus de 30 000 pièces de – à Moscou, on le cache pas – du Musée salles d’exposition”, explique Marga- d'aujourd'hui, avec des motifs laconi-
collection. de la mode et du textile du Louvre. rita Barjanova, directrice du Musée des ques, parfois naïfs, mais extrêmement
Pour l'inauguration dont la date n'est arts décoratifs et populaires. “Salles expressifs; ainsi que des costumes ci-
VLADiMir SEMEnoV
pas encore fixée, une exposition spé- qui seront ensuite mises à la disposi- tadins et paysans en tissus imprimés;
SPÉCialeMent PouR la RuSSie d’aujouRd’hui ciale, “Le noir et le blanc”, va retracer tion du Musée de la mode pour ses ex- enfin, partie moderne de l’exposition:
l’histoire du costume urbain de la fin positions permanentes”, après son inau- la mode de propagande, composée de
On en parlait depuis dix ans. Mais du XIXème siècle au début du XXème. guration en 2010. tissus et de foulards des années 1920-
les divers projets de création d’un Au programme: des croquis d’acces- Le premier projet d’envergure du nou- 1930. Bref, les styles passent comme
musée de la mode à Moscou tour- soires exécutés par les peintres russes veau musée sera l’exposition “La Rus- les époques, mais à Paris comme à Mos-
naient en rond: certains des des années 1920 pour les maisons de sie des indiennes”, consacrée à l’histoi- cou, la mode s'offre un podium pour
concepteurs avaient le bon endroit mais mode françaises, dont Hermès, des li- re de ce tissu peint ou imprimé en vogue l'éternité.
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pas les collections, pour d'autres, c'était thographies de costumes de scène du entre le XVIIème siècle et le XIXème
le contraire. Le Musée national des arts XIXème siècle et des photos de défilés siècle. Objectif recherché: une présen- Vladimir Semenov est écrivain et com-
décoratifs et populaires a mis tout le des années 1950. Le musée mise sur la tation du tissu comme matériau artis- missaire du Musée russe de la mode.
En chiffres
Les dessous du vêtement russe
34,2 milliards d’euros. Un marché
constitué pour plus de moitié par la
vente de vêtements féminins. Sa part
84 % des vêtements présents sur le à 40% du marché vestimentaire russe. en 2008 en représentait 58%, soit 19,5
marché russe ne sont pas fabriqués sur En outre, le volume du marché mos- milliards d’euros. Le masculin ne
le territoire de la Russie. En valeur covite est deux fois supérieur à celui constitue que 24% des ventes. Il re-
monétaire, plus de 80 % des importa- de Saint-Pétersbourg. La ville d’Eka- présente 8,2 milliards d’euros. Les vê-
tions vestimentaires viennent de Chine terinbourg arrive en troisième posi- tements pour enfants pèsent 18%, soit
et des pays du Sud-Ouest asiatique, ce tion. Cette disparité s’explique par 6,2 milliards d’euros. La vente de linge
qui explique la domination de la mar- l’inégalité de la répartition de la po- représente 10% du marché (3,5 mil-
chandise d’origine chinoise sur le mar- pulation et des revenus entre les dif- liards d’euros). La part des vêtements
ché russe. férentes régions. de soirée et de mariage est de 6% (2,2
Une des particularités les plus frap- Autre particularité: l'établissement milliards d’euros), et celle des ventes
pantes du marché russe, c'est la ré- des prix. Le même produit se vend d'accessoires, sans compter les chaus-
partition très inégale des parts de plus cher en Russie qu’en Europe. Au sures ni les sacs, de 5% (1,7 milliards
marché dans les différentes régions prix de la marchandise, il faut ajou- d’euros).
et villes de Russie. Jusqu’en 2004, ter les coûts de transport, les frais de Les experts sont optimistes quant à
la part des deux villes de Mos- douanes – plus élevés que dans les l'évolution du secteur: la croissance
cou et Saint-Pétersbourg pesait autres pays – et la majoration du dis- devrait suivre – voire précéder – fidè-
pour plus de 65% du total. Cette tributeur russe. En moyenne, le prix lement l’amélioration des indicateurs P
disproportion depuis les cinq de vente au détail en magasin dépas- économiques du pays.
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dernières années a tendance à se de 15 à 30% celui pratiqué en Ita-
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se réduire petit à petit. lie ou en France. Préparé par
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Aujourd’hui, Moscou et Saint-Pé- Le volume des ventes au détail du mar- Fashion Consulting Group pour P
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tersbourg représentent environ 30 ché du prêt-à-porter en 2008 a atteint Artefact Communications Agency Défilé parisien de la collection Alena Akhmadullina printemps/été 2009.
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