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Il suffit qu’un corridor central de migration ou qu’un seul point de passage ne vienne à manquer et c’est toute la population qui est en danger


d’une grande partie des 1,5 million de gnous migrants. Les pertes prévues étaient estimées entre 300 000 et 1 million d’animaux, sans compter les ravages que subirait le réseau écosystémique tout entier, y compris les autres animaux qui paissent, les grands félins et la végétation dont ils dépendent. D’autres grands projets infras- tructurels sont la voie ferrée Qinghai-Tibet, l’autoroute Golmud- Lhassa, la voie ferrée Oulan Bator-Pékin et les clôtures vétérinaires en Afrique orientale et australe déjà citées.


Tout aussi néfastes sont des réalisations de moindre ampleur, qui érodent les habitats saisonniers des ongulés dans le monde entier, de l’Arctique aux tropiques. On citera par exemple l’expansion de l’élevage en Argentine et au Chili, qui impacte les guanacos et les vigognes, ainsi que les nombreux projets d’élevage, de culture et d’infrastructure en Amérique, Afrique, Europe, Asie et Australasie. Un vaste réseau croissant d’oléoducs, éoliennes, lignes à haute ten- sion, routes et barrages bloque les migrations et restreint le mou- vement des espèces non sédentaires aux quatre coins du globe.


Dans les océans, les captures accidentelles et les emmêlements dans les filets ou les lignes de pêche menacent de nombreux mam- mifères marins, tortues, requins et oiseaux de mer migrateurs. Les mammifères marins ne doivent pas seulement éviter les filets, mais sont aussi exposés à une pollution sonore en forte augmen- tation provenant de sonars marins, de navires et d’infrastructures développées sur des dizaines, voire des centaines de kilomètres. Ces industries océaniques lourdes déplacent chaque année des nombres colossaux d’animaux marins, menaçant les migrations et la survie même d’espèces entières. Un grand projet de mine de fer sur l’île de Baffin, dans le Haut-Arctique canadien, et le trafic maritime intense que cela implique, en pleine route de migration du bélouga blanc, pourrait menacer de façon décisive la migration d’est en ouest de ces animaux.


Pour les chauves-souris et les oiseaux migrateurs, la plus grande menace provient de la disparition de leurs habitats. Le nombre de sites de reproduction, de ravitaillement et de repos a diminué de


plus de 50 % au cours du siècle dernier, tandis que plusieurs d’entre eux sont indispensables aux longues migrations de ces espèces. Le développement côtier s’accélère et les projections indiquent qu’il affectera 91 % de tous les littoraux tempérés et tropicaux vers 2050 et qu’il sera responsable de plus de 80 % de l’ensemble de la pol- lution marine. Ceci impactera gravement les oiseaux migrateurs.


Dans la mer des Wadden, la valeur des zones intertidales offrant des sites de repos et de ravitaillement aux oiseaux de passage a été bien comprise dans le cadre de la coopération germano-dano- néerlandaise pour la région. Cette zone est une plaque tournante sur la voie de migration Est-Atlantique et le Secrétariat de la mer des Wadden est l’un des principaux promoteurs de la coopération internationale tout au long de cet itinéraire de migration, avec pour objectif de créer un réseau de zones marines protégées de grande ampleur.


Il faut qu’une coopération internationale similaire se développe pour protéger des zones de transit tout aussi importantes le long d’autres trajets de migration. Les vasières intertidales de la mer Jaune, le long de la voie de migration d’Asie de l’Est-Australasie, subissent une très forte pression humaine et ont urgemment be- soin de notre attention.


Les réseaux écologiques sont essentiels pour la liberté de mouve- ment et la survie de toutes les espèces migratrices. Il est urgent de mettre sur pied un cadre international avec le plus grand nombre de signataires possible pour permettre la meilleure gestion de ces réseaux. À ce jour, 116 États sont Parties à la CMS. Si l’on consi- dère l’ensemble des accords conclus sous l’égide de la Convention, celle-ci couvre 150 pays. Il faut toutefois noter qu’une grande par- tie de trajets de migration essentiels de la région circumpolaire, d’Amérique, d’Eurasie et d’Asie du Sud, soit environ un tiers des terres émergées, n’est actuellement pas concernée par ces accords. Il est urgent d’engager une collaboration plus étroite avec les États non Parties de ces régions, de façon à garantir la survie des espèces migratrices qui, elles, ne connaissent pas de frontières.


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