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ANALYSE AFRICAN BANKER JANVIER - FÉVRIER - MARS 2012

de l’absence de cadre réglementaire approprié. Que faire alors pour développer

cette activité ? Il y a deux possibili- tés, estime le banquier tunisien : soit transformer les banques existantes en banques islamiques, ce qui demande- rait beaucoup de temps et, surtout, coûterait beaucoup d’argent ; soit créer dans ces établissements un départe- ment ou un guichet dédié à la finance islamique. « Or, le mélange des formes est un exercice explosif », estime M. El Karam. Et pour cause : la finance est un tout et les risques d’interférences sont grands. Comment éviter ces interférences ?

Faut-il créer de nouveaux réseaux d’agences ou de guichets spécialisés dans cette activité ? Ce serait trop coûteux. Et puis, il y aurait toujours la question de l’agrément de la Banque centrale, qui hésiterait à propulser le système bancaire tunisien, déjà assez mal en point, dans une aventure présentant de hauts risques. Pour M. El Karam, il y aurait une seule solu- tion : cesser de concevoir la finance islamique comme un système à mettre en place dans sa globalité, mais la considérer comme un simple produit bancaire. Pour cela, on peut avoir l’aval de la Banque centrale en dix jours, le silence de l’institut d’émission au-delà de ce délai ayant valeur d’acceptation. « Il serait souhaitable que le gouver-

nement élabore une loi sur la banque islamique et qu’il veille, surtout, à l’in- sérer de manière harmonieuse dans le canevas réglementaire actuel afin d’éviter les distorsions », conclut M. El Karam. Le DG d’Amen Bank, qui admet l’existence d’un problème de ressources pouvant être résolu par le recours au marché financier et aux banques islamiques de développement, estime cependant que le développement de la banque islamique en Tunisie pourrait attirer davantage de capitaux des pays islamiques et relancer l’éco- nomie du pays, qui a un grand besoin d’investissements étrangers créateurs d’emplois et de richesses.

Ne pas lâcher la proie pour l’ombre

Pour Habib Karaouli, PDG de la

Banque d’affaires de Tunisie (BAT), qui se montre plus circonspect sur le développement de la finance isla- mique en Tunisie, « la pénurie ne fait pas le marché ». Traduire : ce n’est pas parce que le produit bancaire isla- mique n’existe pas dans un pays qu’il y a un grand potentiel de développe- ment. Sur un autre plan, le problème du système bancaire en Tunisie ne réside pas dans la diversité d’offres de

produits, mais dans la qualité et le coût des services qui les accompagnent. Or, le coût de ces services, dans le cas de la finance labellisée islamique, est encore plus élevé. « La finance islamique offre une

panoplie de produits assez complets, qui pourraient être d’un intérêt certain pour le développement des PME-PMI, des infrastructures et des projets énergétiques, mais il ne faut pas lâcher la proie pour l’ombre », prévient M. Karaouli. Le banquier d’affaires souligne également que le problème en Tunisie ne réside pas dans les ressources et les finan- cements, mais dans l’absence de projets et d’idées. « Et que peut faire la finance islamique pour remédier à cette carence ? », se demande-t-il. M. Wilson semble moins scep-

tique sur les perspectives de déve- loppement de la finance islamique en Tunisie, où il existe, selon lui, des « potentialités considérables ». Tout en espérant que les intérêts familiaux de l’ancien régime dans Zitouna Bank, fondée par Mohamed Sakher El Materi, le gendre de l’ex-président Ben Ali, tous deux en fuite hors du pays, « ne ternissent pas la réputa- tion et l’image des services bancaires islamiques dans le pays », l’expert britannique souligne que « les liens entre la Tunisie et les pays du Golfe se développent immanquablement à plus long terme ». « Cependant, ajoute-t-il, tout dépendra, dans une large mesure, de la croissance future de l’économie tunisienne et de la capacité de son nouveau gouver- nement à créer un cadre propice à l’investissement privé ». Mettant ainsi un bémol à son optimisme, le Britannique prévient que « les banques islamiques peuvent faciliter l’investissement, mais ne seront pas les moteurs de la croissance ». Cette conclusion vaut, bien

entendu, pour tous les autres pays de la région qui traversent une période transitoire pleine d’espoirs et d’in- certitudes. n

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